Je m'étais
juré d'enterrer la hache de guerre, de décrocher et de tourner le
dos définitivement à la guerre, au conflit, à la violence
dussent-ils être justes. Je m'étais promis de ne plus contribuer au
désordre du monde étant entendu que ses partisans sont
innombrables, que les guerres remportées ou perdues nourrissent
d'autres guerres et que le cycle de la violence est intarissable. Je
tendais pour une fois vers une autre voie : la paix perpétuelle.
Mais voilà ! La bataille des mots, la folie des hommes, la haine des
partisans, les flots opaques et meurtriers se massèrent devant moi,
baignant mes côtes, guettant le moment de la confrontation,
l'appelant même de ses voeux car je sais maintenant que l'ivresse de
la destruction est leur opium. Les maux s'accumulaient, les
blasphèmes pleuvaient de sous-terre, la lave hideuse de la
suprématie coulait, se répandait un peu partout, la calomnie
devenait la langue du peuple et l'anthropophagie sa nouvelle
religion. Que fallait-il faire ? Enfiler de nouveau la cuirasse ?
Aiguiser ma plume ? Me forger de nouvelles armes ? Jusqu'à quand et
jusqu'où ? Je l'ignore absolument. Peut-être que je n'aurais
pas à choisir. Peut-être que la guerre s'imposera à moi car plus
je la fuyais et plus elle m'épiait, me suivait et à présent me
harcelait. Cette garce en treillis me désirait, me voulait pour
elle. Enfanter le chaos par les atours charmants de la justice était
son jeu préféré et je dois reconnaître qu'elle y excellait. Peut-être. Mais pas nécessairement. Qui
vivra, verra.
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