jeudi 4 décembre 2014

Enfanter le chaos


Je m'étais juré d'enterrer la hache de guerre, de décrocher et de tourner le dos définitivement à la guerre, au conflit, à la violence dussent-ils être justes. Je m'étais promis de ne plus contribuer au désordre du monde étant entendu que ses partisans sont innombrables, que les guerres remportées ou perdues nourrissent d'autres guerres et que le cycle de la violence est intarissable. Je tendais pour une fois vers une autre voie : la paix perpétuelle. Mais voilà ! La bataille des mots, la folie des hommes, la haine des partisans, les flots opaques et meurtriers se massèrent devant moi, baignant mes côtes, guettant le moment de la confrontation, l'appelant même de ses voeux car je sais maintenant que l'ivresse de la destruction est leur opium. Les maux s'accumulaient, les blasphèmes pleuvaient de sous-terre, la lave hideuse de la suprématie coulait, se répandait un peu partout, la calomnie devenait la langue du peuple et l'anthropophagie sa nouvelle religion. Que fallait-il faire ? Enfiler de nouveau la cuirasse ? Aiguiser ma plume ? Me forger de nouvelles armes ? Jusqu'à quand et jusqu'où ? Je l'ignore absolument. Peut-être que je n'aurais pas à choisir. Peut-être que la guerre s'imposera à moi car plus je la fuyais et plus elle m'épiait, me suivait et à présent me harcelait. Cette garce en treillis me désirait, me voulait pour elle. Enfanter le chaos par les atours charmants de la justice était son jeu préféré et je dois reconnaître qu'elle y excellait. Peut-être. Mais pas nécessairement. Qui vivra, verra. 

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