dimanche 28 avril 2019

Rien ne meurt jamais



Quand un sourire est trop lourd à porter. Quand un salut vous écrase de sa pesée. Quand le deuil a planté son drapeau noir sur votre âme. Il est bon de se rappeler que rien ne meurt jamais. Que les plus beaux instants habitent nos pensées. Que nos douleurs et nos remords fortifient nos cœurs, nos corps. Que nos souvenirs nous accompagnent dans notre odyssée. Que nos actions forgent notre chemin. Que les couples défunts survivent dans leurs enfants. Et que nous nous accomplissons dans la mort, cette ultime vérité, sans laquelle il n'y a pas de vie aboutie. La mort, en concluant notre existence, met un point final à sa forme, l'élève au rang d’œuvre, et nous propulse au seuil du portique de l'éternité.

De sombres nuées




L'un des maux les plus pernicieux de notre époque est l'impatience de ceux qui aspirent à connaître le Réel. 

Beaucoup se précipitent à formuler des idées avant que d'avoir une connaissance et une compréhension approfondie du monde. 

Une petite expérience et quelques lectures ont engendré une nuée de philosophes, de penseurs, de moralistes et, plus dangereux, de théologiens qui se plaisent à nous dissimuler bien plus qu'ils nous dévoilent la lumière de la Vérité. 



Fort heureusement, de temps en temps, le vent puissant de l'esprit fécond nous libère de ces nuées, à la grâce de Dieu. 

S'empresser de produire des idées et de les commercialiser sur le marché du fétichisme contemporain, c'est édifier pierre après pierre les murs d'une sombre prison au nom détesté de vanité.

samedi 27 avril 2019

Un secret




A l'aube des derniers jours, 
A l'heure où s'éveille le boiteux, où dort le sourd 

Le long d'une frontière, voguant
Sur la cime oubliée du temps.

J’aperçus une forme.

Une silhouette, un regard
Une voix. Un souffle.

Sur la mer de mon esprit agité,
Par toutes ces vagues givrées, giflé,
Déchirant la brise sans retour possible,
J'avançais.

Je questionnais : qui parle ?
D'où tombe cette mélodieuse averse ?
Silence.
Avance, me susurraient les matelots.
Tu le sauras. Bientôt.

Au seuil des vallées, sur le fronton des grottes
Je marchais, progressais, à la sueur des bottes.
En vain. La forme de l'inconnue présage, fuyait.


Inlassablement, je répétais . D'où vient ce cantique ?
Ce plaidoyer, ce rire, ce chant cosmique ?
Tu n'as pas été assez loin pour le savoir
Me jeta dans l'oreille l'écho d'un miroir

A qui veut le mot de la fin, l'extrême onction,
Aucune limite n'est possible.
Il faut donner plus que nous recevons
Me dit l'ombre au sourire paisible. 


Il suffit. Dis moi, toi le saint, toi le sage
Qui se cache dans cet auguste manoir ?
Je sonde, je cherche, découvre un passage.
Et me glisse dans la pénombre du soir.
Ci-gît une pancarte dorée : «Que nul n'entre ici
S'il n'est poète. Et que soit maudit le sot valet,
Que l'emporte la tempête ». Viens, je te prie
Me dit la prêtresse, d'une voix esseulée.

Je suis la matrone des voyageurs, des sombres héros
De l'esprit. On m'appelle Muse, Antigone, Calypso
On m'épie le jour, me poursuit la nuit tombée
Pour me déposséder de mes mots, célestes envolées.
Me couper les ailes, mes cordes vocales,
Qu'on dit hantées d'un son ancestral.



Approche. Et contemple de près ce visage
Dont nul avant toi n'aura bordé le rivage
Tu me cherchais, méditant mes stances
mystiques. T'élevant, avec constance
Jusqu'aux sommets, loin de la médiocrité
Où règne la féroce hyène Banalité.

Dans mon éprouvante solitude, je t'attendais.
De tous ces dons, ces offrandes inachevées
Telle une pluie déversée sur le monde,
Je m'écoulais, me dispersais au gré de l'onde

Cherchant le lit où me repaître, le chemin
Sacré. Là où meurent les fous,
là où naissent les anges.

A présent, lèves le regard et sois attentif. La Terre m'a parlé.

Les portes s'ouvrent. Observe la scène !
L'heure arrive, à franches galopées. Relâche-toi !
Oublie la demeure vieille, blafarde, obscène
Qui t'opprimais. Et dit, soulagé : « Éternité ! Me voilà. »

L'amour est le fondement de la pensée





J'ai découvert un soir que le fondement de la pensée était l'amour. Comment en serait-il autrement alors que l'amour est le moteur de la vie, la source à laquelle s'abreuve les voyageurs et sans laquelle prend fin le voyage. 

L'amour est la cause de notre existence et la raison de notre vie. 

Sans amour, nous cessons de vivre et donc de penser car « penser et être sont une seule et même chose » (Parménide). 

Amour de la Vérité (Al Haqq), amour de Dieu, amour des Hommes, amour du monde, de son mystère, ou amour de la Vie, toute pensée plonge ses racines dans l'amour. 




Il ne s'agit pas ici de la simple cogitation, cette agitation superficielle de l'entendement, ce tressaillement insignifiant accompli à la superficie des choses et lui donnant, à travers son contact, l'illusion d'être entré dans le territoire de la connaissance. 

La pensée vient de plus loin, depuis ce lieu qu'on ne voit pas venir puisqu'il vient du tréfonds de l'être. 

La pensée surgit du cœur ce qui en fait le siège authentique de toute pensée véritable, c'est à dire profonde.