samedi 31 mai 2014

Au coeur du vortex...


"Un maelstrom, ou maëlstrom, est un puissant tourbillon qui se forme dans une étendue d'eau. Il peut être créé par un courant de marée ou par le courant d'un fleuve. On l'appelle aussi parfois, vortex.


Au sens figuré, un maelstrom est un mouvement d'agitation intense qui entraîne irrésistiblement".  



Départ...









Le vortex est un passage ouvert entre plusieurs mondes. Nul ne sait où il peut mener.  







Le chemin est inconnu. Le mouvement nous échappe. Pourtant, le paysage nous semble familier. Sortir de là. Revenir en soi. 







Les mondes défilent. La destination ne compte plus. Seul importe le chemin.



Traversée de l'âme....






La mémoire...






Les rêves...




La conscience...




Perfection de la circularité indéfiniment répétitive. Perspective de l'éternité.   








 
La sortie...









Un vortex est un condensé de l'espace, du temps, du cosmos, de l'être, de l'autre. Précieuse découverte : notre aspiration secrète à pénétrer vers cet hypothétique maëlstrom qui nous mènera ailleurs. Nous sommes le vortex...







Retour.


mardi 27 mai 2014

L'imposture Soral


Cette semaine, La colline met le feu aux poudres. Dossier spécial politique. Au lendemain de la victoire du Front national, nous vous proposons une analyse exclusive et critique sur le travail mené par le polémiste Alain Soral et son mouvement Egalité et Réconciliation, auprès des jeunes des quartiers. Un article publié sur Zaman France. Nous republierons ensuite un article en deux parties sur le malaise politique des musulmans de France, une réflexion analysant les problèmes spécifiques d'un engagement à droite comme à gauche. Cette semaine, la politique ouvre le bal. 

Gauche du travail, droite des valeurs. Egalité et réconciliation. Depuis 2007, date de la création du mouvement d'Alain Soral, ces slogans ont fait le tour de la toile... et des banlieues françaises.

Ancien communiste converti au nationalisme, version Front national, Soral prétend depuis 7 ans maintenant oeuvrer pour un rapprochement de nature patriote entre les diverses catégories de Français afin d'empêcher, comme il le dit, une guerre civile en France. Pour atteindre ce but louable, il propose à tous une main tendue et dénonce un complot anti-raciste du Parti socialiste visant à opposer de méchants blancs prétendument fascistes à des jeunes issus de l'immigration, habitants des quartiers populaires, et aussi, précise-t-il, de confession musulmane.

Pour Soral, cette confrontation est une mystification, une arnaque mise en place par les réseaux sionistes de France dans le but de soumettre les forces nationales au capital mondial. Nous verrons dans cet article, comment la ligne politique de Soral et l'ensemble des moyens qu'il a su habilement mettre en oeuvre relèvent bien eux-même de la mystification politique et en quel sens le travail d'Alain Soral, de Dieudonné et de leurs suppléants peut être défini comme une remarquable imposture.

Avant d'introduire notre critique, il nous paraît essentiel de préciser que cet article n'a pas de prétention scientifique. Une telle visée impliquerait un ouvrage entier, un recensement et une publication de l'ensemble des vidéos de Soral, de ses conférences, de ses ouvrages, de ses articles, avec la mise en perspective de l'évolution diachronique du discours et de la pensée de Soral.

Un tel travail dépasse largement le cadre limité que nous avons volontairement établi. Ajoutons néanmoins qu'un nombre considérable et indéfini de ces informations seront synthétisées dans ce travail, synthèse qui est elle-même le fruit d'une connaissance approfondie de l'idéologie soralienne depuis plusieurs années, de l'auteur. Nous tenons également à rappeler que la critique de notre sujet est politique.

Nous ne jugerons pas de la nature de tel ou tel propos, analyse ou affirmation prédicative de Soral. Nous ne dirons pas que l'ensemble du discours soralien est tendancieux, faux ou mensonger. Nul n'ayant le monopole de la vérité, le sujet n'est pas là, et telle ou telle proposition du polémiste peut-être naturellement vraie mais employée au service d'une lecture politique elle-même tronquée. Notre analyse se situe donc à ce niveau.

L'alliance au nom de la double diabolisation
Pour Soral, la réconciliation des Français de droite, ceux de la droite des valeurs définie comme le respect de la Nation, de l'autorité, de la hiérarchie, de la morale religieuse, de la famille et du travail, avec les Français de la gauche du travail, comprenez sociologiquement de gauche, classes moyennes inférieures, classes ouvrières, salariat, classes précaires, et sur le plan urbain, ceux qu'on nomme les habitants des quartiers populaires dont beaucoup de jeunes issus de l'immigration, l'un des publics préférés de Soral, est vitale.

Lui-même justifie cette réconciliation comme la meilleure réponse à la volonté oligarchique de créer des tensions et des conflits sociaux de nature identitaire, ethnique ou religieux entre ces différents groupes, conflits destinés à servir de contrefeux à l'exploitation sociale exercée par les dominants identifiés comme le monde des banques, réduit lui-même à la coalition vétéro-testamentaire, autrement dit les juifs et les protestants.

Soral indique que le fait que les patriotes et le FN d'un côté, et les musulmans de l'autre soient tout deux diabolisés est la preuve flagrante de cette stratégie oligarchique qui viserait à mettre la France à genoux. En s'unissant, ces «Français» mettrait un terme à la domination communautaire du CRIF et de ses suppôts médiatiques inombrables.

D'un point de vue analytique, l'emprise qu'a pu avoir le mouvement de Soral sur la jeunesse des quartiers populaires est fascinante et assez surprenante dès lors qu'un certain nombre d'affirmations ou de propos de nature raciste ou inégalitaire ont étésoient tenus au grand jour, soit relayés sur le site de egaliteetreconciliation.fr. Nous analyserons plus loin les raisons du succès du style soralien qui associe une combinaison de facteurs identitaire, politique, psychologique et stratégique.

Inégalité et pacification
La première imposture de Soral est de prétendre prôner une égalité entre Français, d'horizons divers, autour d'un projet politique de nature nationaliste, consistant à aimer et défendre la France contre la mondialisation, le métissage multiculturaliste, l'homogénéisation marchande des standards culturels américains et sa mise sous tutelle économique et politique. Ce postulat est faux dans son fondement.

Pour Soral, la condition française n'est pas une condition égalitaire mais un héritage attribué à des ayant-droits qui s'efforcent de le sauvegarder face à de «nouveauxarrivants», qui bien qu'implantés et présents depuis plusieurs générations sur le sol français, sont toujours perçus comme arrivants, immigrés, étrangers. Le recours à l'usage de la catégorie «Français de souche» balaie définitivement toute aspiration à l'égalité.

«Français de souche» n'est pas une dénomination socio-historique visant à identifier une catégorie de la population française sur des bases ethniques (blancs) et religieuses (catholiques), mais une catégorie à la fois anté et métapolitique qui vise à figer dans l'acier la définition authentique de ce qu'a été et de ce qu'est encore la francité : une condition ethno-culturelle dont on hérite par les hasards de l'Histoire et qu'on ne peut pas acquérir politiquement ou autrement.

Soral est conscient de ces contradictions dans son discours mais l'essentiel est ailleurs : en conquérant le cœur des jeunes de banlieue, il réussit deux tours de force. Neutraliser une force de contestation populaire, voire se l'approprier en l'orientant par son influence. Renforcer le Front national, ce parti pour lequel il ne cesse de militer comme l'illustre quasiment chacune de ses sorties médiatiques, en minimisant sa diabolisation et en réorientant les colères populaires contre le Parti socialiste. Amoindries, minimisées, presque banalisées, les thèses racistes et islamophobes du FN sont promues à visage à peine couvert par Alain Soral devant un parterre de jeunes.

L'ennemi principal, puis l'ennemi secondaire
S'il rappelle son échec à avoir fait bouger la ligne du FN sur l'islam du temps où il en était membre, il s'attribue néanmoins celui du virage économique anti-libéral de Marine Le Pen. Mais l'essentiel est ailleurs. Dans une ancienne vidéo postée il y a quelques années, Alain Soral reprenait à son compte l'analyse de Carl Schmidt postulant qu'il n'y a pas de politique sans distinction de ses ennemis et de ses amis.

Des sous-catégories sont possibles : ennemi principal, ennemi secondaire, ami, allié circonstanciel, et la liste n'est pas exhaustive. Pour Soral, l'islam demeure à long terme une force dangereuse pour l'identité de la France qu'il défend, mais dans l'immédiat, il ne juge pas cette menace prioritaire du fait du faible niveau social et de la fragilité de l'insertion socio-économique des musulmans de France. Dans la vision politique de Soral, l'ennemi principal est le sionisme et ses agents nationaux. Cette menace justifie une alliance circonstancielle avec les Français issus de l'immigration, d'autant plus aisée qu'ils vogueront dans son orbite.

On remarquera à ce sujet l'utilisation de l'expression «front de la foi» entre catholiques et musulmans soulignant la vocation éminemment guerrière de cette alliance. En cas de victoire sur l'ennemi principal, les forces vives de la nation soralienne auront alors tout loisir de s'occuper de la domestication de cet islam, toujours présenté comme la religion de l'étranger quand bien même la moitié de ses fidèles sont Français.

Le judaïsme politique, impensé du soralisme
Comme Soral se plaît constamment à le rappeler, la présence sur le sol français de populations immigrées et de leurs enfants a été indésirée. Mais ces Français récents qui n'ont pas la légitimité de l'appartenance ethno-culturelle peuvent encore obtenir, par cooptation des ayant-droits de souche, un statut d'appartenance qui leur permettra par assimilation ou hiérarchisation de participer à la Nation française. 

Il s'agit tout bonnement d'une retranscription analogique et politique des statuts religieux de «prosélyte» et «craignant Dieu» du judaïsme historique qui permettait une forme d'intégration des non-juifs sortis du paganisme à la communauté juive, mais sans égalité car on naît juif, on ne le devient pas, ou pas intégralement. Pour une analyse approfondie de l'origine juive de la pensée nationaliste, nous renvoyons le lecteur à la seconde partie de notre article Le malaise politique des musulmans de France publié il y a deux ans, sur le site oumma.com. 

Cet impensé juif du nationalisme est l'une des clés psychologiques essentielles pour comprendre l'hostilité de principe manifesté par Soral contre les Juifs et son obsession juive présente sur à peu près l'ensemble de ses interventions. Le recours récurrent à la notion de «Français de souche», tout comme le rappel de la dimension exclusivement catholique de l'Histoire de France, ont pour objectif d'inscrire en lettres d'or sur les Tables mentales de la loi nationale la définition éternelle du peuple de France.

Toute allusion à d'autres strates historiques, religieuses, culturelles ou linguistiques est aussitôt écartée, annihilée comme la marque d'une volonté infâme de réécrire l'histoire de France. La diversité est mal vue dans le roman national des patriotes soraliens où protestants, juifs, musulmans et autres peuplades n'ont traversé le ciel de France que pour illuminer sa gloire personnelle.



En politique, on ne fait pas de sentiment. Soral lui-même le proclame : "Je ne demanderais jamais à un musulman de voter FN" ! Ce qui ne l'empêche pas de promouvoir avec force et générosité ce que nous appellerons la trinité de la Sainte famille nationale : Jean-Marie Le Pen, Marine le Pen, Florian Philippot. Une trinité qui a son propre apôtre pour la proclamer sur les plateaux télé : Eric Zemmour ! Voici donc la seconde imposture soralienne.

Le Pen père et fille : la France en héritage
Alain Soral a de l'admiration pour Jean-Marie Le Pen. Il le respecte et le place au même niveau, ou peu s'en faut, que le général de Gaulle. Le Pen père est la figure du patriote français de toujours, le soldat qui a fait ses classes en Algérie, le patriarche borgne qui a lutté toute sa vie pour la France et contre les forces qui la menaçaient : l'immigration, l'islam, encore et toujours.





La fille Le Pen est, quant à elle, sa digne héritière, nouvelle Jeanne d'Arc qui saura une foisau pouvoir restaurer la grandeur passée de la France soumise par l'Union européenne, le FMI, la Banque mondiale, l'Otan et la coalition atlantiste américano-sioniste. Cette épopée des Le Pen dont le destin semble les guider pas à pas vers les marches du pouvoir laisse peu de place aux détails de l'histoire.

Marine Le Pen est la championne politique d'Alain Soral. Il voit en elle la renaissance de la France, son incarnation. Mais Soral joue au borgne. L'islam est la seule religion nommément mentionnée et ciblée dans le programme politique du FN dans la section «laïcité». Qu'importe ! Des joutes de Marine, de ses discours haineux, islamophobes, de ses campagnes nationales d'incitation à la haine raciale et religieuse, rien ne transpirera sur Egalité et réconciliation car, c'est vrai, pour Soral, l'essentiel est ailleurs.








Philippot, le fidèle lieutenant
Florian Philippot est l'une des figures montante du FN. Jeune, fin stratège, il s'est illustré par un discours construit sur la politique économique de la France, de l'UE, la faillite de l'euro, l'immigration, le patriotisme économique. A coups de chiffres, de statistiques, d'analyses politiques et économiques, il a été l'un des artisans du nouveau visage du FN que certains ont voulu vendre aux Français.





Laïcité et économisme sont les deux piliers de ce nouveau discours politique de combat du Front national pour sauver la France. Mais le combat contre l'islam et la présence musulmane en France reste l'un des fondamentaux du FN. Le lieutenant Philippot, main armée de la générale en chef Marine, le sait bien. Nettoyer les rues des femmes voilées est donc un objectif pour le lieutenant Philippot. Soral ne vous l'a pas dit ! Oui, l'essentiel est vraiment ailleurs.






Zemmour le terrible !

Mais le pire est à venir, si l'on peut dire. Eric Zemmour, journaliste, chroniqueur, éditorialiste au Figaro, sur RTL et I-télé est l'alter ego de Soral, comme ce dernier se plaît à le répéter. Zemmour serait le porte-voix du soralisme, lui aurait piqué toutes ses idées mais serait tout de même un bon bougre, un bon soldat qui fait le travail et jouirait de plus en raison de ses origines d'une certaine immunité pour le faire. Que dit Zemmour ? Beaucoup de choses. Mais Zemmour comme Soral et comme les Le Pen, est un homme à obsession. La sienne, tout comme celle de la sainte trinité patriotique, est la menace de l'islam pour l'identité française. Sur ce terrain, Zemmour est d'une rare violence, n'hésitant pas à extrapoler tout fait divers, à essentialiser des phénomènes sociaux, et à condenser les maux de la France sur une seule figure : l'islam. A l'image d'Alain Finkielkraut, dont Zemmour a revendiqué la proximité idéologique, celle des néo-conservateurs, le même Finkielkraut que Soral déteste tant. Cherchez l'erreur. Il n'y en a pas car tout est affaire de hiérarchie. Zemmour est un Finkielkraut de salon, le sionisme en moins paraît-il. A vous de juger...





Zemmour sur les Français de souche :


Zemmour sur l'islam des banlieues :


Comme l'a dit le présentateur de RTL : «Merci beaucoup Eric».




Soral et la banlieue : les raisons d'un succès
Comment Soral a-t-il réussi son entreprise de séduction d'une partie des jeunes des quartiers, mais aussi de nombreux trentenaires, et d'un segment de la population qu'il n'aurait jamais dû, en raison des thèses qu'il défend, charmer ? Oui, car c'est bien de charme qu'il s'agit au sens occulte de ce terme. De nombreux facteurs peuvent expliquer ce succès. 

Sur la forme, Soral est un bon orateur, un bon client comme on dit dans le jargon des communicants. Il sait faire preuve de charisme, de franc-parler ce qui plaît aux jeunes et correspond assez à leurs standards de communication. Soral a su développer un style de communication direct, franc, brutal qui, contrairement aux éternels poncifs de la langue de bois médiatique et de son cortège de politiquement correct, séduit toujours la jeunesse.

Autre explication : l'innovation et le large investissement des nouvelles technologies a permis à l'équipe d'Egalité et Réconciliation de produire une nouvelle forme de politique-spectacle en phase avec les pratiques sociales (internet, réseaux sociaux) des jeunes, le tout avec une bonne dose d'humour, de musique et de provocation. Tous les ingrédients d'une bonne politique de consommation étaient réunis, avec le sentiment pour l'internaute d'accomplir un acte politique de transgression par le simple fait de visionner une vidéo de Soral. 

Chaque mois, le public de Soral venait abolir par la magie cathartique du net le poids de ses frustrations psychologiques, économiques et politiques. Voir cet homme, ce paria des puissants, ce dissident auto-proclamé vomir sur ses ennemis, les insulter et les défier avec l'élégance d'un boxeur, a conféré à ce public de longs moments de liberté. Le processus d'identification, pour une population souvent marginalisée, diabolisée et en proie au ressentiment, était à l'oeuvre.

Soral/Dieudonné : le couplé gagnant
Mais sans aucun doute, le tournant de l'ascension de Soral est le moment où il fait alliance avec Dieudonné. A partir de cet instant, Soral utilisera au maximum le succès, la notoriété et le sentiment d'injustice ressenti par son public après la première affaire Dieudonné et l'histoire du sketch chez Fogiel, comme moteur politique. Il n'est pas une vidéo ou une conférence où Soral ne réitère l'idée qu'il forme avec l'humoriste déchu un duo, le couple Astérix-Obélix, celui des résistants qui sauveront la France.




L'alliance personnelle du polémiste et de l'humoriste va ouvrir à Soral les portes d'un public beaucoup plus large, et, coup double, la caution anti-raciste qu'il recherche. Soral devient ainsi pour ces jeunes l'Autre/Même, le blanc catholique, le Français de souche mais qui me ressemble et qui, pour la première fois, me tend la main au nom de la France. 

Soral le sait, il l'a senti d'instinct : ces jeunes Français sont fragiles, se cherchent et veulent de l'écoute et du respect : il saura les leur offrir. Ils ont mal à leur France, et ne savent plus comment sortir du cycle interminable de leurs crises identitaires. Français sans l'être, Français récents ou relégués à des origines qu'ils ne connaissent plus vraiment, ces jeunes sont d'immenses blessures ouvertes où il est si facile de plonger le doigt pour les faire souffrir ou de poser la main pour soulager leurs plaies.

Ajoutez à cela un discours qui réhabilite l'homme patriarcal et viril, défend la tradition et la religion, combat le sionisme, non pas au nom du droit des Palestiniens, mais au nom de la France, tacle le féminisme, clashe les élites.... et vous aurez la recette du succès d'Egalité et Réconciliation qui a su intelligemment et habilement occuper un espace déserté par les acteurs religieux, politiques et intellectuels de France.