dimanche 4 octobre 2015

Une terrible découverte




Nous avons un corps et c'est ce qui fait toute la différence. Avoir une âme, après tout quoi de plus normal, sinon nous ne serions que néant. Mais un corps ! Qui plus est un corps en proie à la dégénérescence, quoi de plus embêtant et de plus angoissant ! Jusqu'à présent, nous prenions cette enveloppe charnelle pour l'extension naturelle de cette âme si belle et si pure surgie du fond de la pensée de Dieu. A présent, nous avons compris le subterfuge et cette chair est devenue un fardeau dont nous nous serions bien passé. Quoi ? Les matérialistes n'ont-ils pas compris que le corps est la meilleure preuve de l'existence de l'âme, car que penser d'autre d'une antre osseuse si mince, gangue charnelle dégoulinante et dont les excroissances honteuses nous entraînent chaque jour un peu plus vers le fond ? Depuis cette terrible découverte, l'esprit qui se croyait immortel, déchante. La puissance de l'Intellect qui vit ses plus intenses épisodes à l'ère de la maturité se retrouve ainsi pris dans les mailles d'un filet sournois et inéluctable. L'insolente dysharmonie venait de rompre la toile de nos mensonges familiers. Un chant du cygne en guise de testament. Le conformisme protocolaire des sociétés mondaines a étonnamment démultiplié ce sinistre spectacle provoquant les contractions les plus viles et les tensions les plus barbares. Mais alors ? Quid faciam ? Alors nous avons un corps et nous sommes une âme. Ce corps nous quittera et nous quitterons ce corps. Nous deviendrons ce que nous fûmes et réaliserons probablement ce que nous désirions secrètement. Sous une autre forme, cela va sans dire.