Je
suis une taupe et ils me haïssent pour cela.
C'est le nom qu'ils me donnent et dans leur méconnaissance, ils me
vomissent. Ce que je sais d'eux leur fait peur et la peur que je leur
inspirent les séquestrent. Du fond des geôles étroites de leur
conscience, je les entends gémir. Chaque nuit, dès
qu'ils sombrent dans la petite mort, j'avance péniblement et sans
trêve dans les artères souterraines du monde. Au moment même où
ils s'abandonnent paisiblement dans les bras précaires du sommeil,
en quête d'un bref répit que leur prodiguent l'oubli, je sillonne
silencieusement les arcanes de leurs âmes, et je vois. Je vois ce
qu'ils dissimulent le jour.
samedi 28 octobre 2017
La complainte de la taupe
mardi 10 octobre 2017
Du bon et du mauvais usage politique des médias
Toute personne qui accède à la notoriété médiatique voit son action et ses propos acquérir derechef une portée politique, volontairement ou involontairement, et ceci quel que soit le statut de l'acteur médiatisé. La neutralité axiologique, dans son principe comme dans ses effets, est un leurre manifestement destiné à asseoir une position d'autorité masquée sous le costume pompeux de la "science". Tout propos, toute action médiatisés alimentent ou affaiblissent une position politique dominante qui n'est autre que la position régnante au sein de l'establishment économique sous-tendant elle-même la structure politique des médias. L'illusion de la démocratie d'opinion supposée fonder sur le plan moral et rhétorique l'argumentaire des Etats de droit se dissipe au contact des pouvoirs oligarchiques.
Mécanique politique et miroirs médiatiques
Une émission se déprogramme facilement dès lors qu'elle dévoilerait un peu trop la réalité des pratiques, des projets et des objectifs poursuivis par les barons du système; un animateur se congédie vite si ses invités et ses sujets ne respectent pas le cahier des charges idéologiques qui lui sont imposés implicitement. La peur de la pauvreté, la hantise de la diabolisation suffisent à ériger chez les employés du pouvoir toutes les barrières salvatrices de l'auto-censure propres à garantir à ses décideurs le nécessaire devoir de réserve, ce devoir muet par nature, discrétionnaire car entaché de honte, ce devoir factice sur lequel tout un édifice de boue est élevé. Que l'on soit un chercheur académique, un citoyen "apolitique" ou a fortiori un religieux laïco-compatible, il suffit que l'on sache cette portée pour en mesurer les effets. Si l'on est fondé de bon droit à revendiquer un engagement d'une autre nature que politique (religieux, éthique ou sapientiale), on ne peut ignorer l'effet mécaniquement politique de nos positionnements induits par ces miroirs grossissants et bien souvent déformants que sont les médias.
samedi 7 octobre 2017
Ne pas confondre extrémisme et radicalité
L’extrémisme
postule l’extrémité immédiate de sa destination par l’abolition
expresse de l’espace intermédiaire qui l’en sépare, abolissant
par-là même sa condition de possibilité qui est l’humanité
présente. La radicalité est, à tout bien considéré, l’exact
contraire. Le retour aux racines est un retour au fondement, au
principe, à ce qui est premier. La radicalité consiste pour l’homme
à revivre dans le champs indéfini de la conscience cette
contemplation originaire du surgissement de l’être dont il
constitue l’une des manifestations pour en accomplir le principe,
la modalité essentielle, pour en dévoiler la lumière et le souffle
occultés par des siècles d’éloignement volontaire, d’égarement
méthodique, de renversement habilement escamoté par des montagnes
de ruse dressées par la négativité historique de la modernité. A
travers cette expérience revivifiante vécue sur le triple mode du
saisissement sémantique, de l’intuition psychologique et de la
perception spirituelle, la radicalité réconcilie l’homme avec
lui-même en rétablissant le chemin qui l’a conduit vers sa
condition présente, qui est une condition de crise, une disharmonie
patente, fruit d’une tension violente, insoutenable et d’un
conflit permanent suggérant une résolution profonde, une
réhabilitation, un dépassement. Un dépassement acquis par la
médiation d’une réhabilitation authentique de l’être
originaire obtenue par la grâce lumineuse du renouement, du
resurgissement devenant condition pour l’homme de son
renouvellement.
Ce renouvellement de l’homme revivifié dans son principe, qui est un principe spirituel de vie, le rétablissement de l’unité d’une conscience mise à mal et comme déviée par la diffraction de l’obstacle constitué par l’occultation, et le rétablissement du sens, propre à permettre le retour à la voie naturelle et à garantir la réussite de la migration, sont autant de caractéristiques définissant l’homme radical. L’extrémiste, par l’ivresse de sa détermination et par l’immédiateté frénétique de son exigence, perd définitivement toute possibilité de réaccomplir sa destinée et de retrouver le sens originaire de l’unité de l’être dont il participe à un moindre niveau en tant qu’humain. L’extrémisme contrarie toute perspective de paix ontologique qui est simultanément la voie et la destination de l’homme radical réconcilié avec lui-même.
Extrait du livre "Le goût de l'inachevé".
Tableau de Pavel Rizhenko. |
Ce renouvellement de l’homme revivifié dans son principe, qui est un principe spirituel de vie, le rétablissement de l’unité d’une conscience mise à mal et comme déviée par la diffraction de l’obstacle constitué par l’occultation, et le rétablissement du sens, propre à permettre le retour à la voie naturelle et à garantir la réussite de la migration, sont autant de caractéristiques définissant l’homme radical. L’extrémiste, par l’ivresse de sa détermination et par l’immédiateté frénétique de son exigence, perd définitivement toute possibilité de réaccomplir sa destinée et de retrouver le sens originaire de l’unité de l’être dont il participe à un moindre niveau en tant qu’humain. L’extrémisme contrarie toute perspective de paix ontologique qui est simultanément la voie et la destination de l’homme radical réconcilié avec lui-même.
Extrait du livre "Le goût de l'inachevé".
dimanche 1 octobre 2017
Hölderlin : qu’est-ce donc que la vie ?
La
Colline publie un extrait d'un poème de Friedrich Hölderlin
intitulé "Qu'est-ce que la vie ?". La traduction est
signée Gil Pressnitzer.
N'envie
pas les hommes libres de souffrance, les idoles de bois
auxquelles rien ne manque, tant leur âme est pauvre, qui ne
posent pas de questions sur la pluie et le soleil parce qu'elles
n'ont rien qu'elles doivent cultiver.
Certes
! Certes ! il est tout à fait facile d'être heureux, d'être
tranquille avec un cœur sans profondeur et un esprit borné. On peut
bien vous en accorder la faveur, qui donc irait se fâcher que la
cible de planches ne gémisse pas de douleur quand la flèche s'y
fiche, ou que le pot creux rende un son si mat quand on le jette sur
le mur ?
Simplement,
braves gens, il faut vous y faire, il faut même qu'en grand
silence vous soyez étonnés de ne pas comprendre que d'autres ne
soient pas si heureux, ne soient pas non plus si satisfaits
d'eux-mêmes, vous devriez même vous garder de faire de votre
sagesse une loi, car ce serait la fin du monde si l'on vous
obéissait…
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