A Jack London...
O peuple de la nuit ! Vallée d’étoiles mortes, cohorte de corps sans âmes. Foule bannie des foyers paisibles, bercés par la chaleur apaisante des cheminées dorées. O sombre légion d’esprits agités, du lit éternel de la paix, refoulés. J’ai vu ton pas inquiet franchir le territoire des ombres et s’inviter à mon insu sur les sentiers perdus de mon cœur, mis à nu. Halte là. Cette porte vous est interdite. Rebroussez chemin, je ne suis pas issu de vos rangs.
C’est vrai, je l’avoue j’ai
parfois arpenté les couloirs pathétiques de la peine, lâche et sinueuse. Oui,
j’ai échoué tout comme vous mais comme vous, je n’ai pas renoncé. Je ne suis
que de passage et les mirages de la désolation, infinie, obscure, froide comme
la mort, les bras si magnanimes, si généreusement ouverts aux voyageurs du
désespoir, le sourire cynique et le front plissé, la tunique sanglante et les
meurtrissures cachés, toutes ces plaies béantes ne sont pas pour moi, je ne
suis pas près d’y céder.
Je poursuis une autre voie. Alors demi-tour. Le
projecteur lunaire ne cesse de vous harceler, braquant vos visages éblouies et
harassés par le spectre pâle du tortionnaire, je le sais. Je connais tout cela
mais toutes les routes aussi détournées soient-elles ont une sortie. La mienne
est proche et j’ai survécu à la Nuit la plus longue de ma courte vie. Le choix
s’offre à vous : rejoignez-moi ou disparaissez. A vous votre destinée et à
moi la mienne.