mercredi 30 août 2017

Nos convictions intimes finissent par nous forger


Pour changer d'horizon, de perspective, il n'est pas toujours nécessaire d'aller bien loin. Il suffit parfois, seulement, de changer de position (situation). "Et détournes-toi des insensés" (Coran 7, 199). Si ce qui me fait fasse me tracasse, ce qui me tourne le dos, me fait défaut. Et c'est bien heureux ainsi. Le changement libérateur, avant de produire un cheminement que l'on pourrait définir comme un mouvement fécond d'exploration, de découverte et d'expérimentation, nécessite un mouvement par soi et sur soi, la détermination approfondie et personnelle d'une orientation, la quête d'une direction et d'un horizon à conquérir au point de s'y fondre et de le définir en y marquant son empreinte. Nos souhaits et nos vagues désirs ne définissent pas notre être car ils ne survivent jamais à la confrontation du Réel. Nous ne sommes jamais que ce que nous devenons, c'est à dire ce que nous choisissons résolument d'être et de devenir par nos actes, nos pensées, nos convictions intimes, qui finissent par nous forger au fil du temps et sculpter notre âme.    

L'obsolescence programmée de l'homme vue par Serge Carfantan


La Colline publie un texte de Serge Carfantan qui décrit de manière stupéfiante la décadence suprême de notre société contemporaine et la manière dont l'humain s'est laissé asservir. Nos remerciements à Mohamed pour le partage. 

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.
Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste.
Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur (qu’il faudra entretenir) sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.
Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »

mardi 29 août 2017

Vouloir le Bien, c’est avoir la force de l’accomplir



La foi se réalise dans son accomplissement terrestre et cette réalisation implique le combat pour sa survie et son épanouissement à une époque marquée par les troubles multiples, les déviances généralisées, la tiédeur et l’indifférence religieuse, l’athéisme militant et les nombreuses tentatives de liquidation théologiques portées par les projets de sécularisation extracommunautaires mais aussi de plus en plus intracommunautaires. Dans ce contexte, il est dangereux et erroné de vouloir différer la réalisation de la foi dans la vie de l’au-delà au prix d’un renoncement terrestre et temporel de l’accomplissement du Royaume de Dieu. La vie de l’au-delà est la continuité inachevée de cette existence qui, du surgissement originel de la pensée divine à l’ultime résurrection, ne constitue que l’une des étapes de la vie qui est ce don éternellement insaisissable du Vivant. Dans cette vaste odyssée tragique ponctuée par ses métamorphoses incessantes, la foi se doit d’être en mouvement car elle est l’esprit animé, le souffle de vie déterminé par son oscillation permanente garante de son extension vitale. Ce mouvement s’alimente aussi et avant toute chose par la nourriture du Verbe divin dont la foi est le fruit et le cœur la racine. De la confrontation salutaire avec son environnement hostile naît la force de la Vie et cette étape de la vie terrestre est la scène centrale de cette réalisation obtenue au prix d’une manifestation spirituelle renouvelée indéfiniment. Il n’y a pas de vie spirituelle sans accomplissement terrestre du Royaume de Dieu, ce projet décisif que porte dans ses entrailles l’homme califale. Vouloir le Bien, c’est avoir la force de l’accomplir.          

samedi 26 août 2017

L'absence de certitude n'équivaut pas au doute mais à la suspension du jugement


Les sceptiques et les partisans du doute se trompent en considérant que leur option prédicative est la plus sensée, la plus rationnelle et conforme à la connaissance car douter c'est refuser jusqu'à la possibilité même de la chose, son caractère hypothétique et son intelligibilité. Les partisans du doute en repoussant loin d'eux la possibilité de la reconnaissance prédicative ont fini par se couper successivement de Dieu, du monde, de la vie, et en dernière instance de leur propre unité. La certitude est le fondement du savoir et non le doute. L'absence de certitude n'équivaut pas au doute mais à la suspension prudente du jugement et à la recherche patiente de la connaissance. Le doute est une obscuration de la pensée, de l'intelligence et du cœur. En ce sens, il est et demeure un facteur de régression sapientale. Contre Descartes donc, Parménide pour qui « pensée et être sont une seule et même chose ». Une perception confiante et généreuse dans le mouvement expansif de la vie de l'Être.  

mercredi 9 août 2017