La pureté ou la folie sur le chemin
de la pureté...
La raison observe, décrit, évalue, calcule et analyse les choses. Les opérations rationnelles se définissent comme une appréhension de la chose et non une saisie de l'être car la raison ne s'empare que des formes, des idées. Le cœur seul saisit l'être là où il se trouve, sans médiation. Si le savoir offrait le salut de l'âme, l'homme adamique qui avait reçu la connaissance de toutes choses n'aurait pas chuté et quitté le jardin primordial. La croyance se définit comme une vision de l'être au-delà de l'apparence phénoménale, un acte de confiance marqué du sceau de la plénitude car la pensée ne peut accéder directement à Dieu. Dieu ne peut être pensé, au sens entier du mot penser, tout au mieux peut-il être deviné, suggéré, approché par l'esprit. Toute tentative de penser pleinement Dieu mène inexorablement vers la folie car il est de toute nécessité que Dieu ne prenne place qu'en un lieu convenable, c'est à dire purifié. Or, l'homme ne pouvant s'arrêter de penser, mêlant et combinant successivement le pur et l'impur, le faux et le vrai, l'illusoire et l'authentique, un tel espace ne permet pas d'accueillir en son sein la présence du Divin, et toute tentative d'y parvenir conduit l'homme à la déchéance. La connaissance de Dieu est également impossible par la saisie idéelle, nous ne l'ignorons pas, pour des raisons évidentes tenant à l'insaisissable complexité de la nature divine, infinie et absolue. Le cœur, pour sa part, a néanmoins les caractéristiques lui permettant de recueillir la présence divine comme un temple bâtit à cette fin, une terre portant en germe le souffle de vie du Vivant. La religion est donc ce médium unique d'accès à Dieu pour le cœur, à travers la Parole et le rite. Le Livre de la vie, qui regroupe la Parole du Vivant, est le Codex infinitum qui préside à la destinée du monde.
Nous pouvons en
conclure que la croyance est, sous ce rapport de la connaissance de
Dieu, supérieure à la connaissance générale car elle en est la
condition de possibilité dans la mesure où elle fait retour vers le
principe fondateur de toute connaissance, sa source unique, le Grand
Dispensateur dont elle recueille et conserve le nectar sacrée du
savoir au sein de la raison qui n'est autre que le réceptacle créé
à cet effet. La croyance est le mode d'appréhension du cœur, la
connaissance, qui est saisie objective des choses formalisées par
l'idée, le mode d'appréhension de la raison. La conjugaison des
deux modalités de la connaissance permet à l'homme adamique
d'accéder à sa réalisation en tant qu'homme accomplie ou complet,
que la tradition musulmane identifie sous le vocable de al insan al kamil.
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