A
l'aube des derniers jours,
A
l'heure où s'éveille le boiteux, où dort le sourd
Le
long d'une frontière, voguant
Sur
la cime oubliée du temps.
J’aperçus
une forme.
Une
silhouette, un regard
Une
voix. Un souffle.
Sur
la mer de mon esprit agité,
Par
toutes ces vagues givrées, giflé,
Déchirant
la brise sans retour possible,
J'avançais.
Je
questionnais : qui parle ?
D'où
tombe cette mélodieuse averse ?
Silence.
Avance,
me susurraient les matelots.
Tu
le sauras. Bientôt.
Au
seuil des vallées, sur le fronton des grottes
Je
marchais, progressais, à la sueur des bottes.
En
vain. La forme de l'inconnue présage, fuyait.
Inlassablement,
je répétais . D'où vient ce cantique ?
Ce plaidoyer, ce rire, ce chant cosmique ?
Tu n'as pas été assez loin pour le savoir
Me jeta dans l'oreille l'écho d'un miroir
Ce plaidoyer, ce rire, ce chant cosmique ?
Tu n'as pas été assez loin pour le savoir
Me jeta dans l'oreille l'écho d'un miroir
A
qui veut le mot de la fin, l'extrême onction,
Aucune limite n'est possible.
Il faut donner plus que nous recevons
Me dit l'ombre au sourire paisible.
Aucune limite n'est possible.
Il faut donner plus que nous recevons
Me dit l'ombre au sourire paisible.
Il
suffit. Dis moi, toi le saint, toi le sage
Qui
se cache dans cet auguste manoir ?
Je
sonde, je cherche, découvre un passage.
Et
me glisse dans la pénombre du soir.
Ci-gît
une pancarte dorée : «Que nul n'entre ici
S'il
n'est poète. Et que soit maudit le sot valet,
Que
l'emporte la tempête ». Viens, je te prie
Me
dit la prêtresse, d'une voix esseulée.
Je
suis la matrone des voyageurs, des sombres héros
De
l'esprit. On m'appelle Muse, Antigone, Calypso
On
m'épie le jour, me poursuit la nuit tombée
Pour
me déposséder de mes mots, célestes envolées.
Me
couper les ailes, mes cordes vocales,
Qu'on
dit hantées d'un son ancestral.
Approche.
Et contemple de près ce visage
Dont
nul avant toi n'aura bordé le rivage
Tu
me cherchais, méditant mes stances
mystiques.
T'élevant, avec constance
Jusqu'aux
sommets, loin de la médiocrité
Où
règne la féroce hyène Banalité.
Dans
mon éprouvante solitude, je t'attendais.
De
tous ces dons, ces offrandes inachevées
Telle
une pluie déversée sur le monde,
Je
m'écoulais, me dispersais au gré de l'onde
Cherchant
le lit où me repaître, le chemin
Sacré.
Là où meurent les fous,
là
où naissent les anges.
A
présent, lèves le regard et sois attentif. La Terre m'a parlé.
Les
portes s'ouvrent. Observe la scène !
L'heure
arrive, à franches galopées. Relâche-toi !
Oublie
la demeure vieille, blafarde, obscène
Qui
t'opprimais. Et dit, soulagé : « Éternité ! Me voilà. »
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