Le souvenir de nos fautes est la vision figurée de l'horreur de nos âmes, le souvenir que nous avons cédé, capitulé, et le sentiment que de cette reddition nous n'accomplirons jamais l'expiation.
Mais par ce sentiment de damnation nous expions un forfait plus grand : l'illusion de nous avoir cru infaillibles, impeccables, divins.
Nous sommes des humains et "le meilleur des humains auprès de Dieu est celui qui se repent".
C'est en reconnaissant notre condition humaine que nous reconnaîtrons et témoignerons de la condition divine et par ce témoignage ferons retour à Lui.
La fatalité n'est qu'une illusion qui détermine nos actes, l'effet douloureux de notre responsabilité qu'une arrogante ignorance aura détourné.
Par le retour, et par le retour seulement, nous nous libérerons de toutes ces illusions.
Mais de quel retour parlons-nous ?
Il arrive en effet que le théomorphisme mal compris puisse à son tour nourrir les aspirations les plus sombres pour qui l'appréhende par l'âme et la raison, par un point de vue duel qui le conduirait à vouloir devenir Dieu et à se substituer à Lui, si ce n'est en effet, du moins dans ses aspirations cachées, ce qui constituerait là une déchéance suprême.
Cet état peut advenir lorsque l'on prend connaissance de doctrines en les découvrant d'un simple point de vue extérieur, rationnel, c'est à dire par une instance instrumentale incapable d'en saisir le sens profond, la raison n'étant pas l'intérieur de l'être mais seulement l'une des modalités le reliant, jusqu'à un certain point de vue, au monde extérieur.
Beaucoup ont été perdus par cette idée fausse que les doctrines ou enseignements religieux changeraient l'Homme et le monde du simple fait qu'on les évoqueraient, les invoqueraient, ou encore par l'exercice d'un effet extérieur qui leur serait propre.
Les doctrines ne révèlent leurs effets durables qu'en les vivant sur le mode personnel, ce qui ne s'obtient que par un engagement du cœur qui est la voie de l'être par excellence.
Elles sont les clés d'une transformation de l'être qui ne s'atteint qu'en franchissant l'enceinte sacré de la sincérité, et en s'y plaçant d'une position solide.
De cette station s'opère le changement et du changement seul les effets subviendront.
L'approche exclusivement extérieure, rationnelle ou mentale ne fait que nourrir l'hubris de l'Homme jusqu'en faire, selon l'expression coranique, un potentiel taghout (idole, tyran), cet état inférieur ultime qui caractérisait la position tyrannique de Pharaon qui se prit lui-même pour un Dieu sur Terre.
Ceci explique en grande partie les raisons pour lesquelles ces enseignements sacrés furent au cours des siècles passés dissimulés et réservés à une élite anonyme et invisible, gardiens du temple céleste, une élite qui avait compris qu'elle se devait de protéger les Hommes de l'accès vers une Voie qui pouvait provoquer leur perte irrémédiable, faute d'y avoir été préparé.
Si nous voulons échapper à cette déchéance suprême, que la destinée de Satan illustre parfaitement, il nous faut saisir en toute conscience notre condition humaine, notre faillibilité, et revenir humblement vers Dieu par un repentir sincère.
Cette dernière étape est un préalable indispensable pour aborder et vivre in fine cette expérience de Vérité.
Comment ?
En investissant l'instance sacré du Cœur et par le recours à ce que nous appellerons une approche graduelle et initiatique de l'existence.
La Vérité, dans sa modalité suprême, ne dévoile sa majesté, sa profondeur et sa grâce que dans et par le cœur, cette disposition du centre, ce temple de Dieu où la rencontre devient possible, où Dieu se manifeste à nous, où l'Homme revient à Lui, dans cette intégralité primordiale où l'humain s'abolit indéfiniment dans la Lumière de Dieu.
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