Le rang n'est pas la rangée. Ta place dans la rangée ne dit rien de ton rang. Celui qui est devant n'est pas celui qui se met en avant. Celui qui est devant, celui-là même que Dieu a mis face à ses responsabilités et qui parvient de haute lutte et seulement par la lutte à s'en acquitter, franchit les limites de sa demeure étendues désormais au-delà de lui-même, tournant définitivement le dos aux gîtes familiers du passé où il s'était trop longtemps attardé. Le voilà poussé au-devant de soi, invité à se dessaisir de lui-même, à se libérer des images lointaines, s’il veut prendre les devants.
Être devant n’est pas une position mais un état qu’on porte avec soi, une discipline acquise au prix du renoncement de la banalité, de cette « vie ordinaire » qui ordonne les choses les plus essentielles selon les formes les plus laides qui soient concevables, les plus difformes, non plus celles qui montrent quelque chose mais se montrent elles-mêmes comme la finalité ultime, ce qui définit précisément leur monstruosité. Autant, du moins, que ses ressources lui permettront de s’en convaincre, et aussi longtemps que notre résistance lui en concèdera le pouvoir. "Nous ne pouvons être devancés." (Coran, 70-41)
Dans la folle dispersion de notre temps, rentrer dans le rang n’a plus du tout la même signification qu’auparavant. Il se pourrait que cette action volontaire et ordonnée selon une direction et un alignement conforme à la Réalité produise des effets inespérés, évaluée à l’aune de notre simple considération humaine. Au demeurant, rien ne parait éloigner plus notre compréhension de cette réalité des choses que l’ensemble de ces constantes que nous tenons sous notre pouvoir et que nous appelons la science.
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