jeudi 7 août 2014

Cruautés et raffinements


Le comble du mal n'est pas à rechercher dans les âmes déchues. La laideur d'un acte est à la mesure de la pureté du cœur l'accomplissant. La chute d'un esprit noble se satisfait de peu de hauteur pour trébucher, puis sombrer dans les affres de la descente aveugle. Notre soif de destruction n'a d'égale que notre aptitude à l'ivresse. La hideur est une beauté balafrée. La beauté, une charogne maquillée. La malveillance, une invincible lassitude de l'égo. Et nos cœurs ? De sombres écriteaux enveloppés de messages obscurs gravés par la plume affilée de nos ténèbres intimes. Cicatrices, je vous lis comme ces témoignages maudits de l'ancestrale défaite annoncée par le Très-Haut. Cicatrices, je vous avertis : la fin est la moitié du commencement, et la douleur le début de votre éternité. Le miroir est brisé. Peu importe. Le sang du calvaire reconstitue sa trame, morceau par morceau. La mosaïque écarlate de nos victoires est une œuvre de longue haleine qui a ses propres exigences. Mais la contempler est un délice rare, de l'ordre de nos plus cruels raffinements.

2 commentaires:

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  2. Dès qu'elle eût été douleur, elle devint aussitôt cicatrice. Son empreinte est donc toujours présente. Demain, si le miroir ne se reconstruit pas, elle ne sera sans doute qu'un détail de l'histoire. Au moins, à en croire René Char, il aura gagné en lucidité.
    Mais, hélas, en attendant, dans ce conflit larvé, comme à l'accoutumée, par cette étrange phénoménologie hégélienne, la victoire se nourrit de la souffrance, comme ce vainqueur qui, à l'issu d'un combat, se garde d'achever le vaincu en lui préférant le sort d'éternel esclave. À quand l'affranchissement?

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