Le comble du mal n'est
pas à rechercher dans les âmes déchues. La laideur d'un acte est à
la mesure de la pureté du cœur l'accomplissant. La chute d'un
esprit noble se satisfait de peu de hauteur pour trébucher, puis
sombrer dans les affres de la descente aveugle. Notre soif de
destruction n'a d'égale que notre aptitude à l'ivresse. La hideur
est une beauté balafrée. La beauté, une charogne maquillée. La
malveillance, une invincible lassitude de l'égo. Et nos cœurs ?
De sombres écriteaux enveloppés de messages obscurs gravés par la
plume affilée de nos ténèbres intimes. Cicatrices, je vous lis
comme ces témoignages maudits de l'ancestrale défaite annoncée par
le Très-Haut. Cicatrices, je vous avertis : la fin est la
moitié du commencement, et la douleur le début de votre éternité.
Le miroir est brisé. Peu importe. Le sang du calvaire reconstitue sa
trame, morceau par morceau. La mosaïque écarlate de nos victoires
est une œuvre de longue haleine qui a ses propres exigences. Mais la
contempler est un délice rare, de l'ordre de nos plus cruels
raffinements.
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RépondreSupprimerDès qu'elle eût été douleur, elle devint aussitôt cicatrice. Son empreinte est donc toujours présente. Demain, si le miroir ne se reconstruit pas, elle ne sera sans doute qu'un détail de l'histoire. Au moins, à en croire René Char, il aura gagné en lucidité.
RépondreSupprimerMais, hélas, en attendant, dans ce conflit larvé, comme à l'accoutumée, par cette étrange phénoménologie hégélienne, la victoire se nourrit de la souffrance, comme ce vainqueur qui, à l'issu d'un combat, se garde d'achever le vaincu en lui préférant le sort d'éternel esclave. À quand l'affranchissement?