Ignorant le Principe de toutes choses, un insecte fit de toute chose un principe. Feu, soleil, éther. Terre, lune, eau. Ancêtres, animaux, Nature. Un principe inférieur ici, un principe supérieur là. Successivement ou simultanément. Mais tant de principes finirent pas l'incommoder car après tout, quelle différence entre eux ? Aucun ne semblait le convaincre. L'insecte se fit donc honneur à lui-même et décréta sa propre personne Principe de toute chose. Fort lui en imposa, la charge était trop lourde et qui plus est d'un ennui mortel. Il se délesta donc et déclara solennellement qu'il n'y avait aucun principe, ce qui était encore la meilleure manière d'éluder la question.Voilà pourtant que le malheur le surprit là où il ne s'y attendait pas. Les arbres qui n'existaient pas s'effondrèrent les uns à la suite des autres. Les plantes de cette bonne vieille mère nature déclinèrent, rongées par l'oubli et le néant des choses. La terre elle-même s'effritait sous ses pattes. Les fleuves s'asséchèrent et les mares flirtèrent avec la glaise des marécages, à moins que ce ne soit le contraire. Le principe des principes qui finit par tous les éclipser, croisa un beau jour son regard dans l'eau. Pas très distinctement, car celle-ci était floue. Une forme, un visage sombre, un demi-reflet. Pour tout dire, cette vision l'inquiéta car elle lui en révélait sur lui-même plus qu'il ne pouvait en supporter sans toutefois l'abattre. Les eaux stagnantes de son cœur pourrissaient. Plus rien. Et puis, l'eau se mit à vibrer. Cette fois, le fond terreux et visqueux du coléoptère se distingua nettement du liquide primordial. Les eaux se multiplièrent et le sol se déroba. Le déluge fit de ces lieux malsains un havre de paix. De toutes choses, le Principe est, comme de tous temps Il fut. Immuable.
jeudi 7 août 2014
Question de principe
Ignorant le Principe de toutes choses, un insecte fit de toute chose un principe. Feu, soleil, éther. Terre, lune, eau. Ancêtres, animaux, Nature. Un principe inférieur ici, un principe supérieur là. Successivement ou simultanément. Mais tant de principes finirent pas l'incommoder car après tout, quelle différence entre eux ? Aucun ne semblait le convaincre. L'insecte se fit donc honneur à lui-même et décréta sa propre personne Principe de toute chose. Fort lui en imposa, la charge était trop lourde et qui plus est d'un ennui mortel. Il se délesta donc et déclara solennellement qu'il n'y avait aucun principe, ce qui était encore la meilleure manière d'éluder la question.Voilà pourtant que le malheur le surprit là où il ne s'y attendait pas. Les arbres qui n'existaient pas s'effondrèrent les uns à la suite des autres. Les plantes de cette bonne vieille mère nature déclinèrent, rongées par l'oubli et le néant des choses. La terre elle-même s'effritait sous ses pattes. Les fleuves s'asséchèrent et les mares flirtèrent avec la glaise des marécages, à moins que ce ne soit le contraire. Le principe des principes qui finit par tous les éclipser, croisa un beau jour son regard dans l'eau. Pas très distinctement, car celle-ci était floue. Une forme, un visage sombre, un demi-reflet. Pour tout dire, cette vision l'inquiéta car elle lui en révélait sur lui-même plus qu'il ne pouvait en supporter sans toutefois l'abattre. Les eaux stagnantes de son cœur pourrissaient. Plus rien. Et puis, l'eau se mit à vibrer. Cette fois, le fond terreux et visqueux du coléoptère se distingua nettement du liquide primordial. Les eaux se multiplièrent et le sol se déroba. Le déluge fit de ces lieux malsains un havre de paix. De toutes choses, le Principe est, comme de tous temps Il fut. Immuable.
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"Quand la nuit l’enveloppa, il observa une étoile, et dit : “Voilà mon Seigneur ! ” Puis, lorsqu’elle disparut, il dit : “Je n’aime pas les choses qui disparaissent”.
RépondreSupprimerLorsqu’ensuite il observa la lune se levant, il dit : “Voilà mon Seigneur ! ” Puis, lorsqu’elle disparut, il dit : “Si mon Seigneur ne me guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés”.
Lorsqu’ensuite il observa le soleil levant, il dit : “Voilà mon Seigneur ! Celui-ci est plus grand” Puis lorsque le soleil disparut, il dit : "Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah."
Quant à l'homme, je renvoie à cette fameuse phrase que les foucaldiens apprennent par cœur, à la fin du livre "les mots et les choses"...
RépondreSupprimer"L'homme est une invention dont l'archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine. (...). On peut bien parier que l'homme s'effacerait comme à la limite de la mer un visage de sable" (les mots et les choses).
RépondreSupprimerMerci pour les références coraniques et académiques.
RépondreSupprimerPas de quoi, un plaisir de te lire.
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