«Le
désir est la moitié de la vie. L'indifférence est la moitié de la
mort.» Khalil Gibran
L'indifférence est
la pire des violences. L'humiliation d'autrui, sa détestation
profonde, sa haine la plus rance et sa persécution la plus tenace ne
sont rien face à cette odieuse vermine éloignée dans les hauteurs
insolentes de l'orgueil mondain. Dans le phénomène de la violence
se joue toujours une rencontre, celle de deux destins, deux esprits
qui dans l'intensité de leur confrontation prennent conscience de
l'autre, le reconnaisse et le respecte ne serait-ce qu'en traitant
ses attitudes, ses discours et ses agissements avec la plus grande
des solennités, ceux-là mêmes qui ont justifié la confrontation.
Mais l'indifférence, cette chose si peu naturelle, si répugnante de
mépris, n'a pas pour elle la moindre justification. En refusant les
deux options les plus évidentes (la confrontation verbale ou
physique ; l'éloignement), cette reine des vanités annihile purement et simplement toute vie morale, toute dignité, toute
considération du sujet. Il suffit pour s'en convaincre d'observer
comment deux acteurs se mimant mutuellement le jeu social de
l'indifférence dans un petit cercle finissent par attirer rapidement
l'attention et l'interrogation des convives. L'exclusion d'autrui,
par son ignorance radicale, est une forme de négation de la vie, de
meurtre symbolique tout à fait caractéristique de notre époque
malade de sa veulerie, de son mépris et de son orgueil. Toujours et
sans cesse, il nous faut affronter le réel et savoir le regarder
droit dans les yeux, sans même détourner le regard. C'est à cette
condition qu'une liberté peut être mise à l'épreuve et par
l'épreuve s'incarner dans le monde.
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