mercredi 1 novembre 2017

A l'aube de notre vie


La vie a fait de moi un soldat. Au printemps de mon existence, porté par la pureté de mes sentiments, dans les doux nuages blanchâtres de l'innocence, j'étais l'homme qui prie. Mais de ses doigts de marbre le temps creusa, depuis, son sillon dans ma terre, et chaque cicatrice enfouie, témoignage délicat de toutes ces saisons passées, griffa dès lors, et secrètement, les lignes sauvages de ce pourpre récit. A l'automne de mon souffle me voici devenu autre chose, le messager méconnaissable d'un cri, son hypnotique, héraut fantastique, né d'une rencontre inaugurale entre la source liquide et la peau abondante, insolente, du monde. La vie, de moi, a fait un soldat. Fruit d'une vibration antique à l'origine perdu, j'ai sans cesse acquis la force de l'oubli, et dans ma chute enivrante, et dans le mouvement de la vie, j'ai rebondi. Mais à moi-même je ne pus jamais renoncer. Ma devise, la voici : combattre le jour pour que la Vie l'emporte et prier la Nuit pour que la Paix triomphe. Et chaque défaite cuisante me vît croître en savoir. Et chaque victoire cinglante me fit croître en pouvoir. Le combat a fait de moi un homme vivant. La paix qui me précède est un repos d'où je renais. De la lumière, je me repais comme d'un repas de noce. Et de la pâmoison ardente de la Terre avec les Cieux a surgi mon destin, et du baiser brûlant de la Vie avec la Mort, j'ai été engendré.  



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