Un
fantôme nous hante. Un esprit mort nous habite. L'esprit défunt de
l'Occident chrétien. Depuis quatre cent ans, cette silhouette sans
âme nous fait face, nous épie du regard, nous masque l'horizon.
Nous qui aspirons à nous baigner dans la douce et pénétrante
lumière, à nous arrêter un moment dans sa source, à nous y
asseoir pour la laisser soigner nos plaies et nous administrer sa
divine effluve, allons devoir faire un choix.
La paix durable a ses
conditions et la pureté authentique a ses exigences, nous ne
l'ignorons pas. Toutes deux tiennent leurs quartiers très loin de
toute forme de compromission, au siège de citadelles perdues et de
ce fait rendues comme inaccessibles. Ces deux vierges ne se réservent
qu'aux élus de leurs coeurs et ne dévoilent leur visage que le soir
de leurs noces.
Il est illusoire d'espérer voir la clarté de leur
peau et de sentir la douceur de leur parfum du fond des marécages
brumeux où la décadence occidentale nous a mené. Il est
pareillement inutile de rechercher les effets de la lumière au coeur
de la Nuit, et tout aussi vain de croire atteindre la sainte terre là
où elle ne se trouve pas, là où on ne la cherche plus.
Tout le
destin des derniers croyants d'Occident se trouve là : l'extinction
du Moi ou l'extinction de la foi laissera place aux légions divines
ou aux hordes sataniques. Conserver le feu sacré ; l'alimenter ; le
préserver ; le transmettre : nous connaissons l'importance de notre
mission. Et nous savons qu'aucun esprit malin ne pourra nous barrer
le passage.
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