En
cette nouvelle année 1441, les musulmans devraient se souvenir que
l'Hégire marque l'exil consécutif à la persécution religieuse. Ce
seul enseignement hégirien, parmi d'autres, devrait faire de la
tolérance religieuse une valeur cardinale du monde musulman. Nous
savons que ce n'est malheureusement pas (plus) le cas. La thématique
de la liberté de conscience religieuse implique trois niveaux à ne
jamais confondre : 1) Le régime de vérité, relatif aux discussions
réservés aux sachants, à ceux qui sont versés et initiés dans la
connaissance des Ecritures, discussions pour déterminer ce qu'est la
juste et bonne croyance. 2) Le régime de liberté propre à chaque
individu. 3) Le régime législatif et social qui concerne la réalité
législative d'une nation en matière religieuse, fruit de son
histoire. Aborder la question de la liberté de conscience en
ignorant ou confondant l'une de ces trois étapes mène à une
aporie. La tolérance n'est pas dans l'adhésion à n'importe quel
régime de croyance au prétexte de la liberté. La tolérance est de
respecter le droit pour un individu de choisir sa voie, quelque soit
son choix. Encore faut-il qu'il en ait un. En France, la liberté de
conscience dans sa dimension publique a été abolie. La laïcité a
consacré cette abolition et les développements historiques auxquels
nous avons assisté n'ont fait que confirmer cette vérité. Pour
qu'il y ait liberté de conscience, il faut qu'il ait choix et
respect publique de ce choix. La difficulté est de trouver une
solution sociale et juridique qui garantissent un équilibre social
et une équité individuelle. Les sociétés religieuses ou athées
placent le régime de "leur vérité" au dessus du régime
de liberté. Il y a des exceptions et des modèles hybrides, mais le
préalable est le discernement, et quoi qu'il arrive, c'est au niveau
du choix et du modèle de hiérarchisation des trois régimes que la
différence s'accomplira. Pour notre part, la vérité doit
prédominer sans s'imposer sinon naturellement, à cette seule
exception qu'elle ne se dévoile et ne s'accomplit pas seulement sous
ses aspects théoriques et doctrinaux, mais qu'elle se vit et se
manifeste dans ses attitudes, ses comportements, ses vertus, sa
vitalité spirituelle,etc. La vérité doit laisser aux autres un
chemin qui mène jusqu'à elle.
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