dimanche 1 septembre 2019

Le sens de l'Hégire


En cette nouvelle année 1441, les musulmans devraient se souvenir que l'Hégire marque l'exil consécutif à la persécution religieuse. Ce seul enseignement hégirien, parmi d'autres, devrait faire de la tolérance religieuse une valeur cardinale du monde musulman. Nous savons que ce n'est malheureusement pas (plus) le cas. La thématique de la liberté de conscience religieuse implique trois niveaux à ne jamais confondre : 1) Le régime de vérité, relatif aux discussions réservés aux sachants, à ceux qui sont versés et initiés dans la connaissance des Ecritures, discussions pour déterminer ce qu'est la juste et bonne croyance. 2) Le régime de liberté propre à chaque individu. 3) Le régime législatif et social qui concerne la réalité législative d'une nation en matière religieuse, fruit de son histoire. Aborder la question de la liberté de conscience en ignorant ou confondant l'une de ces trois étapes mène à une aporie. La tolérance n'est pas dans l'adhésion à n'importe quel régime de croyance au prétexte de la liberté. La tolérance est de respecter le droit pour un individu de choisir sa voie, quelque soit son choix. Encore faut-il qu'il en ait un. En France, la liberté de conscience dans sa dimension publique a été abolie. La laïcité a consacré cette abolition et les développements historiques auxquels nous avons assisté n'ont fait que confirmer cette vérité. Pour qu'il y ait liberté de conscience, il faut qu'il ait choix et respect publique de ce choix. La difficulté est de trouver une solution sociale et juridique qui garantissent un équilibre social et une équité individuelle. Les sociétés religieuses ou athées placent le régime de "leur vérité" au dessus du régime de liberté. Il y a des exceptions et des modèles hybrides, mais le préalable est le discernement, et quoi qu'il arrive, c'est au niveau du choix et du modèle de hiérarchisation des trois régimes que la différence s'accomplira. Pour notre part, la vérité doit prédominer sans s'imposer sinon naturellement, à cette seule exception qu'elle ne se dévoile et ne s'accomplit pas seulement sous ses aspects théoriques et doctrinaux, mais qu'elle se vit et se manifeste dans ses attitudes, ses comportements, ses vertus, sa vitalité spirituelle,etc. La vérité doit laisser aux autres un chemin qui mène jusqu'à elle.



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