samedi 7 octobre 2017

Ne pas confondre extrémisme et radicalité

L’extrémisme postule l’extrémité immédiate de sa destination par l’abolition expresse de l’espace intermédiaire qui l’en sépare, abolissant par-là même sa condition de possibilité qui est l’humanité présente. La radicalité est, à tout bien considéré, l’exact contraire. Le retour aux racines est un retour au fondement, au principe, à ce qui est premier. La radicalité consiste pour l’homme à revivre dans le champs indéfini de la conscience cette contemplation originaire du surgissement de l’être dont il constitue l’une des manifestations pour en accomplir le principe, la modalité essentielle, pour en dévoiler la lumière et le souffle occultés par des siècles d’éloignement volontaire, d’égarement méthodique, de renversement habilement escamoté par des montagnes de ruse dressées par la négativité historique de la modernité. A travers cette expérience revivifiante vécue sur le triple mode du saisissement sémantique, de l’intuition psychologique et de la perception spirituelle, la radicalité réconcilie l’homme avec lui-même en rétablissant le chemin qui l’a conduit vers sa condition présente, qui est une condition de crise, une disharmonie patente, fruit d’une tension violente, insoutenable et d’un conflit permanent suggérant une résolution profonde, une réhabilitation, un dépassement. Un dépassement acquis par la médiation d’une réhabilitation authentique de l’être originaire obtenue par la grâce lumineuse du renouement, du resurgissement devenant condition pour l’homme de son renouvellement. 


Tableau de Pavel Rizhenko.

Ce renouvellement de l’homme revivifié dans son principe, qui est un principe spirituel de vie, le rétablissement de l’unité d’une conscience mise à mal et comme déviée par la diffraction de l’obstacle constitué par l’occultation, et le rétablissement du sens, propre à permettre le retour à la voie naturelle et à garantir la réussite de la migration, sont autant de caractéristiques définissant l’homme radical. L’extrémiste, par l’ivresse de sa détermination et par l’immédiateté frénétique de son exigence, perd définitivement toute possibilité de réaccomplir sa destinée et de retrouver le sens originaire de l’unité de l’être dont il participe à un moindre niveau en tant qu’humain. L’extrémisme contrarie toute perspective de paix ontologique qui est simultanément la voie et la destination de l’homme radical réconcilié avec lui-même.

Extrait du livre "Le goût de l'inachevé". 

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