Le cavalier, la Mort et le Diable de Dührer.
Hier soir, j’ai défié la Mort. Deux années déjà s’étaient écoulées
depuis notre dernière rencontre. Cet instant fatidique, je ne l’oublierais
jamais. Les moments de crise sont des moments de révélation. Ce soir-là, j’avais
appris deux ou trois vérité sur moi que j’ignorais. C’est ainsi que j’ai su que
notre relation à elle était vaine et que rien ne préparait à sa rencontre,
eussions-nous été de la première piété. Notre âme nous échappe, notre corps
nous trahit. Le doigt asphyxiant de l’Ombre fatale s’était posé sur ma
poitrine. Eu-t-elle posé la main que je serais passé de l’autre côté. Depuis,
plus rien. La vie s’est comme suspendue. Mourir, c’est avoir peur de mourir.
Les dernières bouffées d’oxygène s’étaient raréfiées et je semblais humecter
les gouttes ultimes d’une gourde désormais vide de vie. J’avais soif de vivre. Etonnant. Qui avait-il de si précieux qui méritât d’être sauvé ? S’éclipser
de la scène mondaine, j’en rêvais, et pourtant. Vivre, c’est ne plus avoir peur
de mourir. Les vivants ne s’en doutent pas, les morts ne s’en préoccupent plus.
Les hommes en sursis s’interrogent dans l’antichambre de la Mort. Le sommeil
nous enlace et le rêve nous aspire vers des univers extraordinaires. Je vole, nous
volons ensemble vers les Cieux. Le monde ne semble plus être ce qu’il était.
Alors ? Alors, j’ai défié la Mort du regard. Par lassitude, par esprit de
révolte. Prends ce que tu veux, je ne te crains plus. L’Enfer est l’absence de
Dieu. Et tu mourras toi aussi. Comptes sur moi pour te le rappeler.
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