-Heureux sont ceux qui
ont un cœur de loup car ils vivront en maître dans ce monde ou périront en
héros...
-J’ai allumé un feu dans
mon cœur pour y brûler toutes les idoles. Les êtres aimés ont péri. Les
passions terrestres se sont embrasées. Les souvenirs, réduits en cendre.
Croyant la tâche terminée, je me préparais à prendre la route, mais le feu
brûlait toujours. Il restait des choses. J’ai vidé la totalité de mon sac.
Livres, babioles, parfums. Ecrits, documents, photos. De tout cela, je n’avais
plus besoin.
Le feu ne voulait pas s’éteindre. Bon sang, mais que restait-il ?
Tout avait volé en fumée. Presque tout. Mes proches s’en étaient allés. D’amis,
je n’avais plus déjà, depuis une éternité. De mémoire d’homme, mes traces s’étaient
effacées. Quoi alors ? Je cherchais.
Mes ennemis repensaient-ils à nos
combats ? Je n’avais plus de haine pour eux, je n’en avais jamais eu. Mes œuvres
elles-mêmes étaient restées, tout comme moi, dans l’ombre. Alors ? Oui,
sans doute. Il restait une chose. Moi.
Il fallait donc finir ce qui avait été
commencé. Je me dirigeais d’un pas cérémonial vers ce bûcher sauvage des
vanités ancestrales. Par Dieu, je brûlais. Par Dieu, je renaissais.
La vase
égotique s’évaporait, la peau de l’âme, calcinée, tombait. La chaleur de la
destruction me réchauffait le cœur. La souffrance disparaissait et ses cris se
noyaient sous les litres de soulagement déversés par ces yeux qui ne m’obéissaient
plus, pas plus que ce corps ne l’avait fait.
Par Dieu, je n’existais plus. L’heure ultime du retour vers l’Etre touchait à sa fin. Et c’est ainsi que je fus, enfin.
Maintenant que tu sais qu’il est vain
de juger, apprend à pardonner et à aimer Celui qui aime même quand tu l'as oublié.
Tu es perdu. Tu as perdu. Tu le sais maintenant, alors célèbre la victoire des
vaincus, la défaite des proches, la reddition des illusions. Le retour de l’aube.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire