dimanche 8 décembre 2019

L'erreur des philosophes



Les philosophes (Spinoza, Nietzsche) qui ont nié la possibilité d'une liberté, fusse-t-elle relative, attribuant cette croyance à l'ignorance des causes précédant une décision ou une action conçues comme libres, ont visiblement péché par excès de zèle naturaliste. La seule conscience que nous avons de nos actes, de nos pensées, de la société, des lois et de tout ce qui définit notre rapport au monde, en soi nous libère déjà de ce que nous pourrions désigner comme un déterminisme aveugle, fatal et radical. Par la conscience, nous transcendons l'immédiateté des choses. Le souvenir, la mémoire, la méditation, la pensée profonde nous arrachent de toutes formes de réductionnisme et le temps lui-même ne parvient pas à nous retenir définitivement dans ses filets. La conscience brise la chaîne du déterminisme en nous extrayant de son emprise implacable. Il va sans dire que ce que nous nommons déterminisme est une réalité probante et qu'il n'est pas question de la nier ou de l'opposer à la liberté. En réalité, les philosophes n'ont fait que transférer la Volonté divine dans cette notion confuse et obscure de déterminisme, reliquat inavoué de la métaphysique, étant entendu que toutes les formes de déterminismes temporels, connus ou ignorés, qu'il s'agisse des lois physiques, sociales, spirituelles, morales ou intellectuelles, relèvent toutes du seul déterminisme qui soit concevable, à savoir le déterminisme divin. Le paradoxe étant que la liberté est garantie par ce déterminisme dès lors qu'elle en constitue la finalité, sommet aérien et vertigineux d'une pyramide aux assises d'airain. La condition de possibilité du libre-arbitre se trouvant être le déterminisme lui-même, mais un déterminisme divin, éclairé, conscient, omniscient, le seul type de déterminisme capable de donner naissance à la conscience comme état (liberté en puissance) et à l'acte moral (liberté pratique ou en acte). On nous accusera certainement d'anthropocentrisme religieux, ce qui importe peu, les procès ne nous passionnant guère. Nos accusateurs ne pourront pas nier, pour autant, la réalité de la conscience, la singularité de la pensée et seront bien forcés d'admettre, si tant est qu'ils parviennent à se dégager un instant de l'étreinte forcenée de leurs préjugés, l'évidence irréfutable du caractère inhérent à la nature humaine de cette qualité étrange, sous tous rapports, qu'on nomme liberté.

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