vendredi 31 janvier 2020

Le sens de notre réalisme métaphysique


Si nous prenions nos vies au sérieux, nous prendrions notre mort au sérieux. L'indice d'une vie sérieuse est son niveau de réalisme métaphysique. Le réalisme métaphysique n'est pas une doctrine abstraite mais la conscience aiguë d'une vérité fondamentale dont le caractère nous échappe et qui, dans le même temps, ne cesse de déterminer le cours de notre existence. Nous noyons notre pensée de la mort dans l'ivresse frénétique d'une vie agitée et dispersée dans les considérations les plus triviales, trahissant ainsi l'angoisse de la confrontation inéluctable qui, inconsciemment, nous accable. Notre rapport à la mort traduit parfaitement notre niveau de conscience (ou d'inconscience) de ce qu'est le réel, et de la finitude de notre vie terrestre. "Toute âme goûtera à la mort" (Coran, 3, 185). Accepter notre mort est la seule manière de nous préparer à l'accueillir au mieux de nos capacités, étant entendu que rien ne peut véritablement nous y préparer. Expérience fatale, forme la plus aboutie de la dépossession de soi, la mort nous livrera le moment venue la seule chose qu'elle puisse simultanément nous offrir en nous l'ôtant : la connaissance exacte de la vie, qui est don et altérité radicale. Au demeurant, la conscience préalable de la mort ne peut avoir qu'un seul but : nous permettre de faire le choix de la Vie authentique, qui est vie de l'esprit et victoire sur la Mort. "Tout doit périr hormis le Visage de Dieu" (Coran, 28, 88). Vivre dès à présent dans la contemplation du Visage de Dieu, c'est goûter la plénitude d'une vie que la Mort elle-même saura impuissante à nous arracher.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire