vendredi 28 novembre 2014
La complainte de l'insomniaque
Je suis à la recherche d'une nuit de sommeil, une authentique et véritable nuit de sommeil, ce qu'on appelle l'envolée nocturne, l'excursion céleste, la sortie de soi vers l'ailleurs, l'enclave du repos, la source chaude de la délicatesse, le lit douillet de la terre, le souffle tiède de l'Eden, la paisible obscurité des fonds. Je cherche mais je ne trouve pas. Quand la nuit vient te traquer dans l'antre sépulcrale de ton refuge, qu'elle t'aspire et te renvoie vers le monde lunaire, te voilà debout, titubant dans la lueur astrale. Une fois sortie de l'eau inférieure, de ce liquide précieux qui t'enveloppe de ses bras consolateurs, tes pas sont lourds et ton esprit de plomb. Je cherche la nuit d'un rêve, la soie d'un drap, l'abysse, O calice emporte moi au pays de l'oubli où nul ne troublera plus mon repos...
jeudi 27 novembre 2014
Dans la tempête...
Plus que jamais, je suis le capitaine d'un navire emporté dans les affres de la tempête, transpercé par les 7 rugissantes, frôlant à chaque instant la mort, naviguant entre les lames du péril. Par Dieu, je franchirais les colonnes de l'abîme ou périrais dans les eaux glacées de la Nuit.
samedi 22 novembre 2014
Oui, peut-être
Ecris peu, écris mieux. Ecris loin pour écrire bien. N’écris pas pour les autres mais écris-toi pour être des nôtres. Appliques-toi, ne répliques pas. Abstiens-toi et tu verras ce qu’il faut voir. Laisse ton esprit prendre la plume et la tremper dans l’encre écarlate de ton cœur. Ce que tu n’as pas écrit de ton sang s’effacera dans l’instant. Il n’est pas de vérité née d’un livre, seulement des bribes tombées de l’Au-delà, rosée vite convertie en Lois. Sois ce que tu dois et fais ce que tu sais. Et n’oublie pas de vivre.
Chronique pré-mortem
Le cavalier, la Mort et le Diable de Dührer.
Hier soir, j’ai défié la Mort. Deux années déjà s’étaient écoulées
depuis notre dernière rencontre. Cet instant fatidique, je ne l’oublierais
jamais. Les moments de crise sont des moments de révélation. Ce soir-là, j’avais
appris deux ou trois vérité sur moi que j’ignorais. C’est ainsi que j’ai su que
notre relation à elle était vaine et que rien ne préparait à sa rencontre,
eussions-nous été de la première piété. Notre âme nous échappe, notre corps
nous trahit. Le doigt asphyxiant de l’Ombre fatale s’était posé sur ma
poitrine. Eu-t-elle posé la main que je serais passé de l’autre côté. Depuis,
plus rien. La vie s’est comme suspendue. Mourir, c’est avoir peur de mourir.
Les dernières bouffées d’oxygène s’étaient raréfiées et je semblais humecter
les gouttes ultimes d’une gourde désormais vide de vie. J’avais soif de vivre. Etonnant. Qui avait-il de si précieux qui méritât d’être sauvé ? S’éclipser
de la scène mondaine, j’en rêvais, et pourtant. Vivre, c’est ne plus avoir peur
de mourir. Les vivants ne s’en doutent pas, les morts ne s’en préoccupent plus.
Les hommes en sursis s’interrogent dans l’antichambre de la Mort. Le sommeil
nous enlace et le rêve nous aspire vers des univers extraordinaires. Je vole, nous
volons ensemble vers les Cieux. Le monde ne semble plus être ce qu’il était.
Alors ? Alors, j’ai défié la Mort du regard. Par lassitude, par esprit de
révolte. Prends ce que tu veux, je ne te crains plus. L’Enfer est l’absence de
Dieu. Et tu mourras toi aussi. Comptes sur moi pour te le rappeler.
samedi 15 novembre 2014
Liberté, que de crimes on commet en ton nom...
Je m'interroge. Irions-nous jusqu'à dire qu'un
célibataire est un homme libre qui s'ignore et l'homme marié un esclave qui se
découvre ? Un homme en cellule fait-il l'expérience de la liberté dans sa
privation, mieux qu'un homme libre dans sa damnation sociale ? Si la liberté doit s'acquérir dans la souffrance, est-elle encore liberté ? Un homme d'état
africain avait dit un jour cette phrase : "Je préfère rester libre dans
votre prison que prisonnier dans votre société". Il avait été incarcéré
pour ses idées. Jusqu'où faut-il aller pour rester libre ? A quel prix faut-il
l'estimer ? Etre juge et partie de soi-même. Il n'y a pas de réponse juste à
une question absurde. Il n'est pas de requête légitime qui soit fondée sur la
souffrance d'autrui. Une nuit de plus dans la Nuit de l'esprit... Allah.
dimanche 9 novembre 2014
La place de Dieu
Entre le pécheur et le péché se trouve
la distance du Ciel et de la Terre.
Tu y trouveras l’inertie insouciante
du vide négateur.
L’espace magnanime de la repentance sincère.
Le vent fécond
du pardon.
La brise gelée du regret.
La houle secrète des nuées célestes.
La
pluie douce de l’oubli.
La nuit obscure des pauvres âmes.
Le froid glacial du soir, o désespoir.
L’aurore rougeâtre du toit sacré.
La sonate mineure des
frêles rongeurs.
L’adhan furtif des Anges oisifs.
L’été divin des pieux pèlerins.
L’automne fugace des vieux rapaces.
Entre le pécheur et le péché se trouve la
distance sacrée.
La place de Dieu.
samedi 8 novembre 2014
Réminiscences
-Heureux sont ceux qui
ont un cœur de loup car ils vivront en maître dans ce monde ou périront en
héros...
-J’ai allumé un feu dans
mon cœur pour y brûler toutes les idoles. Les êtres aimés ont péri. Les
passions terrestres se sont embrasées. Les souvenirs, réduits en cendre.
Croyant la tâche terminée, je me préparais à prendre la route, mais le feu
brûlait toujours. Il restait des choses. J’ai vidé la totalité de mon sac.
Livres, babioles, parfums. Ecrits, documents, photos. De tout cela, je n’avais
plus besoin.
Le feu ne voulait pas s’éteindre. Bon sang, mais que restait-il ?
Tout avait volé en fumée. Presque tout. Mes proches s’en étaient allés. D’amis,
je n’avais plus déjà, depuis une éternité. De mémoire d’homme, mes traces s’étaient
effacées. Quoi alors ? Je cherchais.
Mes ennemis repensaient-ils à nos
combats ? Je n’avais plus de haine pour eux, je n’en avais jamais eu. Mes œuvres
elles-mêmes étaient restées, tout comme moi, dans l’ombre. Alors ? Oui,
sans doute. Il restait une chose. Moi.
Il fallait donc finir ce qui avait été
commencé. Je me dirigeais d’un pas cérémonial vers ce bûcher sauvage des
vanités ancestrales. Par Dieu, je brûlais. Par Dieu, je renaissais.
La vase
égotique s’évaporait, la peau de l’âme, calcinée, tombait. La chaleur de la
destruction me réchauffait le cœur. La souffrance disparaissait et ses cris se
noyaient sous les litres de soulagement déversés par ces yeux qui ne m’obéissaient
plus, pas plus que ce corps ne l’avait fait.
Par Dieu, je n’existais plus. L’heure ultime du retour vers l’Etre touchait à sa fin. Et c’est ainsi que je fus, enfin.
Maintenant que tu sais qu’il est vain
de juger, apprend à pardonner et à aimer Celui qui aime même quand tu l'as oublié.
Tu es perdu. Tu as perdu. Tu le sais maintenant, alors célèbre la victoire des
vaincus, la défaite des proches, la reddition des illusions. Le retour de l’aube.
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