samedi 4 mai 2019

Survivre



Je suis tombé dans les eaux glacées de l'oubli. Très vite, je dérivais. Le courant fatal de l'existence m'entraîna loin du bord, avant de me précipiter vers l'abîme du grand large. A chaque instant, une vie entière m'écrasait de son poids, et une seule pensée habitait mon cœur : survivre... un instant de plus. 
©Karine Pollens. 

Indéfiniment suspendu entre une vie qui s'accrochait frénétiquement à ma poitrine et deux doigts d'un trépas me tirant vers le bas, je suffoquais, je m'épuisais, je respirais. Je survivais. Quelque part dans cette nuit sans fin, j'ai lâché prise. Je ne me souviens plus. 

A mon réveil, j'étais ailleurs, loin de tout, loin de ce que j'avais été. Je reprenais lentement pied dans le monde. Un nouveau monde, me disais je en moi-même, là où j'avais pied, là où le sol ne se déroberait plus. 

Le saut nous illustre, la chute nous dévoile. Quand tout décrète ta fin, quand l'espace se rétrécit, quand l'amour, l'espoir, l'honneur et les biens t'expulsent, en chœur, de leur demeure, alors lève toi et dresse toi comme la colonne du ciel qui impose l'arrêt. Qui ne s'est pas perdu, ne s'est pas trouvé.

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