lundi 28 décembre 2020
L'éducation
samedi 19 décembre 2020
Les dangers du théomorphisme
Le souvenir de nos fautes est la vision figurée de l'horreur de nos âmes, le souvenir que nous avons cédé, capitulé, et le sentiment que de cette reddition nous n'accomplirons jamais l'expiation.
Mais par ce sentiment de damnation nous expions un forfait plus grand : l'illusion de nous avoir cru infaillibles, impeccables, divins.
Nous sommes des humains et "le meilleur des humains auprès de Dieu est celui qui se repent".
C'est en reconnaissant notre condition humaine que nous reconnaîtrons et témoignerons de la condition divine et par ce témoignage ferons retour à Lui.
La fatalité n'est qu'une illusion qui détermine nos actes, l'effet douloureux de notre responsabilité qu'une arrogante ignorance aura détourné.
Par le retour, et par le retour seulement, nous nous libérerons de toutes ces illusions.
Mais de quel retour parlons-nous ?
Il arrive en effet que le théomorphisme mal compris puisse à son tour nourrir les aspirations les plus sombres pour qui l'appréhende par l'âme et la raison, par un point de vue duel qui le conduirait à vouloir devenir Dieu et à se substituer à Lui, si ce n'est en effet, du moins dans ses aspirations cachées, ce qui constituerait là une déchéance suprême.
Cet état peut advenir lorsque l'on prend connaissance de doctrines en les découvrant d'un simple point de vue extérieur, rationnel, c'est à dire par une instance instrumentale incapable d'en saisir le sens profond, la raison n'étant pas l'intérieur de l'être mais seulement l'une des modalités le reliant, jusqu'à un certain point de vue, au monde extérieur.
Beaucoup ont été perdus par cette idée fausse que les doctrines ou enseignements religieux changeraient l'Homme et le monde du simple fait qu'on les évoqueraient, les invoqueraient, ou encore par l'exercice d'un effet extérieur qui leur serait propre.
Les doctrines ne révèlent leurs effets durables qu'en les vivant sur le mode personnel, ce qui ne s'obtient que par un engagement du cœur qui est la voie de l'être par excellence.
Elles sont les clés d'une transformation de l'être qui ne s'atteint qu'en franchissant l'enceinte sacré de la sincérité, et en s'y plaçant d'une position solide.
De cette station s'opère le changement et du changement seul les effets subviendront.
L'approche exclusivement extérieure, rationnelle ou mentale ne fait que nourrir l'hubris de l'Homme jusqu'en faire, selon l'expression coranique, un potentiel taghout (idole, tyran), cet état inférieur ultime qui caractérisait la position tyrannique de Pharaon qui se prit lui-même pour un Dieu sur Terre.
Ceci explique en grande partie les raisons pour lesquelles ces enseignements sacrés furent au cours des siècles passés dissimulés et réservés à une élite anonyme et invisible, gardiens du temple céleste, une élite qui avait compris qu'elle se devait de protéger les Hommes de l'accès vers une Voie qui pouvait provoquer leur perte irrémédiable, faute d'y avoir été préparé.
Si nous voulons échapper à cette déchéance suprême, que la destinée de Satan illustre parfaitement, il nous faut saisir en toute conscience notre condition humaine, notre faillibilité, et revenir humblement vers Dieu par un repentir sincère.
Cette dernière étape est un préalable indispensable pour aborder et vivre in fine cette expérience de Vérité.
Comment ?
En investissant l'instance sacré du Cœur et par le recours à ce que nous appellerons une approche graduelle et initiatique de l'existence.
La Vérité, dans sa modalité suprême, ne dévoile sa majesté, sa profondeur et sa grâce que dans et par le cœur, cette disposition du centre, ce temple de Dieu où la rencontre devient possible, où Dieu se manifeste à nous, où l'Homme revient à Lui, dans cette intégralité primordiale où l'humain s'abolit indéfiniment dans la Lumière de Dieu.
samedi 28 novembre 2020
L'obstacle
dimanche 22 novembre 2020
Observez !
dimanche 1 novembre 2020
Mort-vivant
Chaque rappel de la mort questionne notre fidélité à la vie, interroge nos actes de vie. Nous sommes-nous montrés dignes de ce présent sans équivalent ? Si nous sommes authentiquement attachés à la Source de vie et non à une banale existence animale faite d'oubli, nous n'avons rien à craindre de la mort car elle ne nous atteint pas. La mort commence son œuvre dans l'oubli du Vivant qui est le Cœur du monde. Cet état ténébreux où le souffle sacré s'éteint un peu plus à chaque nouvelle journée désigne aussi la catégorie de ceux que l'on nomme couramment, dans une certaine littérature, les morts-vivants.
Rester debout
Il y a une véritable crise de l'autorité et de la représentation institutionnelle dans tous les secteurs. Certes, nous entendons ce discours depuis des décennies déjà. Mais il semble que cette réalité devienne si invasive qu'elle en contamine à présent tous les segments de la société. Les critères et les exigences retenus dans le processus de sélection des décideurs sont le reflet d'une décadence inimaginable. L'effondrement auquel nous assistons est réellement insupportable pour les esprits éclairés, les êtres de conscience, les citoyens responsables. Cette chute vertigineuse se manifeste dans les discours, dans les orientations, dans les valeurs (ou l'absence de valeurs) et dans les comportements. "C'est à ses fruits qu'on juge un arbre". Un tel effondrement ne peut que susciter notre honte douloureuse, augmenter notre dégoût primal et provoquer notre rejet le plus viscéral. Où trouver le support d'une refondation sociale plus qu'urgente ? Peut être bien chez les savants, les (futurs) clercs religieux et les artisans. Savoir, savoir-être et savoir-faire. Les politiciens et les banquiers sont une plaie mortelle pour notre société et ce sont eux qui, pour notre plus grand malheur, se partage le trousseau des clés du pouvoir. Remplaçons la politique par le politique, et nous aurons peut être une chance de nous en sortir. Prendre son destin en main implique un sens aigu des responsabilités. Mais en cette époque d'infantilisation des esprits, quel humain aura encore la force d'assumer les siennes ?
vendredi 30 octobre 2020
La loi des contraires
La satiété, loin de nous offrir la satisfaction, provoque l'extension de notre zone de désir. Le manque, lorsqu'il se fait sentir, nous enseigne la valeur du bien que nous possédons par ailleurs. Quant à l'extrême indigence et au malheur, ils nous dévoile la vanité féroce de ce monde, et en nous projetant au plus près de la mort et de la désolation aiguisent, de sa plus haute intensité, la vie qui sommeille en nous.
In veritas
Ce qui meut l'Homme de science n'est pas la vérité mais la passion de sa possession. Ce désir pousse le savant à poursuivre derrière chaque évidence sa propre soif de puissance. Cette passion de la possession, cette soif de pouvoir a éloigné plus d'un savant vers les sentiers arides du désespoir. La vérité nous enjoint le silence et l'humilité. C'est à ce prix qu'elle pourra se livrer, qu'elle consentira à nous délivrer. C'est pour cela qu'il est dit qu'un Homme ne trouvera la vérité qu'en s'engageant sur le chemin de la paix. Ce qui est difficile pour l'Homme n'est pas tant de trouver cette vérité que de l'accepter, de l'accueillir en lui ouvrant son cœur, de lui sourire et de partir à sa rencontre en lui emboîtant le pas. La vérité ne se possède pas mais s'accomplit. Elle se signale par son humilité et se réalise par son unité.
Esthétique
Le puritanisme est une esthétique gothique du clair-obscur marquée par la radicalisation des pôles. Le réalisme moral est un impressionnisme procédant par petites touches. Le puritanisme se conçoit comme un dualisme marqué par un contraste dont il tire sa force. Le réalisme moral, conscient de la globalité et de la singularité des choses, sait faire preuve de patience et de pondération dans son maniement du pinceau. Derrière chaque conception éthique se cache une vision esthétique du monde.
dimanche 25 octobre 2020
Géométrie judiciaire
La justice détermine une causalité pénale, la vengeance recherche une responsabilité morale. La première établit une préméditation directe, la seconde s'accommode d'une présomption générale. L'une entreprend la garantie de l'ordre social en sanctionnant les coupables, l'autre à épancher sa propre colère dans une mise en scène intimidante. La justice exige du discernement, de la patience, du sang-froid et de la rigueur. La vengeance se contente de la vraisemblance et par son impatiente agitation et sa quête de bouc-émissaires inaugure de nouveaux cycles d'injustices. La vengeance est anarchique comme une ligne brisée. La justice est ferme comme un cercle.
samedi 24 octobre 2020
L'avarice du pauvre
« Satan vous fait craindre la pauvreté et vous commande les actions blâmables ». Coran (2/268).
« L'usage seulement fait la possession ». La Fontaine.
Il est une chose des plus détestables que notre société nous enseigne avec force et efficacité : l'avarice. Nous ne parlons pas de l'avarice des riches car chacun le sait, il n'est pas de fortune acquise de nos jours qui n'ait été bâtie dans une large mesure sur la pingrerie, la retenue impudique, la dissimulation fiévreuse, la saignée grise des portefeuilles. Comprendre que l'obsession du bien n'est pas le mobile de l'avare mais seulement la peur, la peur illusoire de perdre ce qu'il a amassé, la peur de disparaître dans le vide d'où son ombre l'a fait surgir, explique comment une société fondée sur la peur a pu engendrer une nation aussi prodigue d'avares et de cadavres errants, toujours en quête d'une âme à dépecer. Il est entendu que l'Homme des hautes sphères argentées, que l'on devine hissé au sommet d'une forteresse couleur de cendre, n'a pas seulement retenu ses prébendes en les ensevelissant loin du regard de ses victimes. Il y a bien plus dans le coffre-fort de ces fossoyeurs du genre humain qu'une montagne de billets, de bons au trésor, ou d'échéanciers usuraires. Ici gisent, dans le secret des murs bétonnés, la dépouille de ce qui fut jadis une âme, les restes nauséabonds d'un cœur humain autrefois nourri par le flux vivace de l'être. L'avare n'est avare de ses biens que parce qu'il est avare de lui-même, dans son identification funeste à l'avoir. Rien de bien surprenant. Autre est le danger auquel nous assistons quant cette avarice prend possession de l'âme des pauvres, de la gent modeste, de cette réserve de déshéritées aux rêves foudroyés, de ces vagabonds aux ambitions déchues, les pieds perdus dans ce monde mais le regard peuplant les cieux. Que ferons-nous quand les mains d'ivoires de ces manants à la vertu royale cesseront de donner ce qu'elles mêmes avaient reçues ? Les riches ne donnent pas, ils s'enrichissent jusque dans l'aumône qu'ils versent à leur amour propre. Cela est bien connu : ce sont les pauvres qui donnent car ce qu'ils offrent, dans le don, à un frère inconnu, à une sœur de fortune, à un autre Soi, est bien plus précieux qu'une bourse. Dans cet étrange holocauste qu'aucune raison n'a pu élucider, le pauvre fait le sacrifice de lui-même pour revivre dans l'âme d'autrui. En mourant à ses attaches terrestres, le gueux revit d'une résurrection si fracassante qu'elle en exige l'anonymat pour se garder des regards volés et indiscrets. C'est au fond la seule richesse que l'esprit consent à conserver car elle ne lui appartient pas, quelque chose que l'avare n'a jamais connu : la liberté.
vendredi 9 octobre 2020
L'amour, forme suprême de l'intelligence
L'intelligence est la faculté capable de saisir les liens et les rapports qui unissent toutes choses entre elles. Par cette fonction sacrée, l'intelligence accomplit le principe primordial et divin de l'unité. De ce point de vue précis, nous pouvons considérer l'amour comme la forme suprême de l'intelligence. L'amour n'est pas une force primitive qui provoquerait l'union mais l'effet de l'union, qui n'est pas créée, mais saisie dans sa force première par l'intelligence.
vendredi 18 septembre 2020
Nous autres
La lutte contre le sectarisme, qu'il soit interne ou externe, est une priorité. Pour y parvenir, une condition et trois modalités doivent être réunies. La conscience profonde de la nécessité de cette lutte, seule à même de nous permettre de la mener à son terme, est la condition sine qua non de cet engagement. Mais cette conscience est insuffisante. Elle doit être secondée de la maîtrise de ses propres passions, d'une exigence éthique de l'écoute et de la compréhension, et d'un travail ambitieux mené dans la voie de la connaissance. La première nous libérera, la seconde nous rapprochera, la dernière nous élèvera. Le sectarisme nous suggère de persévérer dans notre identité au prix coûteux d'un abolitionnisme doctrinal généralisé. Loin de ce narcissisme de l'opinion, le processus spirituel, éthique et intellectuel que nous appelons de nos vœux nous transformera et nous enseignera à être nous-même avec les autres, jusqu'à ce que nous puissions dire "Nous autres", c'est à dire "Nous dans l'Autre".
mardi 15 septembre 2020
La contre-révolution laïque
Le laïcisme qui correspond en réalité à une dominante athée de la laïcité au sens où elle exige de tous les citoyens l'absence totale et complète de référence à Dieu dans l'espace public, de visibilité de cette référence, est une forme déviante qui déplace la totalité du champ politique (polis, cité) vers une extrémité signifiant purement et simplement la disparition sociale et politique de la laïcité, à travers la disparition de cette visibilité religieuse polymorphe.
Dans une société parfaitement homogénéisée sur le plan religieux ou doxastique, il n'y a plus de régime de laïcité concevable.
Le laïcisme est une contre-révolution laïque.
samedi 29 août 2020
Le vrai pouvoir est hors de portée
Il appartient à l'essence du pouvoir authentique d'échapper à toutes représailles, de jouir d'une forme d’inaccessibilité qui le rend insaisissable. Le vrai pouvoir est hors de portée car il est occulte par nature. Ce qui est à proximité de votre toucher n'est que succédanés. Pour voir le pouvoir se manifester, il vous faudra l'y pousser, le provoquer, le harceler sans cesse, l'y contraindre et pour y parvenir, vous fondre vous-mêmes dans l'obscurité jusqu'à ramper vers lui. L'anonymat est le véritable privilège des Hommes de pouvoir. La célébrité est une impuissance célébrée, le sort commun de tous les pantins. Frapper au cœur du pouvoir, c'est parvenir à traîner ses acteurs en pleine lumière, à la vue de tous. Cela suffit. La lumière brûle les créatures des ténèbres plus rapidement qu'une pluie de flèches enflammées décochée par une armée d'archers.
samedi 1 août 2020
Ibrahim, destructeur d’idoles et figure héroïque du monothéisme
Repenser la pratique du sacrifice
lundi 20 juillet 2020
Fouad Bahri : « L’islam est porteur d’un renouveau de la pensée dont les intellectuels musulmans ne soupçonnent pas l’ampleur »
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Galilée. |