vendredi 4 avril 2014

A Mantes la Ville, l'inquiétude des musulmans après l'élection du FN

   
En exclusivité, je partage avec vous mon article sur le FN à Mantes la Ville et les inquiétudes des musulmans, article publié sur zaman france

Un témoignage intéressant et révélateur une fois de plus de la ligne du Front national sur la question de l'islam. Après les attaques verbales de Marine Le Pen contre l'intégrisme et le communautarisme musulman en France, après les propos de Florian Philippot pour interdire définitivement le voile sur la place publique, voici le disque dur FN appliqué à l'échelle locale. Un avant-goût de ce qui attend les Français en cas de montée du FN au pouvoir, présidentiel et législatif. 


 














Marine Le Pen avait averti : les villes conquises par le Front national serviront de vitrine nationale pour son parti. A Mantes-la-Ville, qui a désormais un nouveau maire frontiste en la personne de Cyril Nauth, les citoyens de confession musulmane sont préoccupés. Leur projet de lieu de culte a un nouvel adversaire en la personne du maire. Zaman France a mené l'enquête.

Mantes-la-Ville est une commune de 22 000 habitants dans le Mantois, près de Mantes-la-Jolie, située dans le 78. Depuis quelques jours, cette ville est sous les feux médiatiques. La raison ? Elle sera désormais gérée par le nouveau maire Front national Cyril Nauth qui sera investi vendredi 4 avril au soir. La tension et l'inquiétude était donc palpable dans cette ville qui comporte une importante communauté musulmane. D'autant qu'un projet d'acquisition d'un local qui sera réaménagé en lieu de culte doit être finalisé dans les semaines qui viennent et que le candidat FN a mené sa campagne contre ce projet. Abdelaziz El Jaouhari, responsable de l'AMMS, l'association musulmane porteuse du projet, se veut prudent. «Il y a une inquiétude réelle et palpable de la communauté musulmane au vu de la campagne électorale menée par le FN. Nous sommes dans l'attente des intentions du nouveau maire», confie-t-il à Zaman France.

Un projet lancé il y a 25 ans 
Il faut dire que l'association joue gros dans cette affaire. Il s'agit rien moins que de la finalisation d'un projet qui a été lancé il y a 25 ans. L'association devrait acquérir un local de 800 m2, dont 400 serviront à la salle de prière, local vendu par la CAMY, communauté d'agglomération du Mantois. Ce lieu aura une capacité d'accueil de 500 à 700 personnes, particulièrement utile pour la prière du vendredi et les deux célébrations de l'Aïd. Abdelaziz El Jaouhari insiste également sur la modestie du lieu. «C'est une salle de prière. Il n'y a pas de minaret. On a juste essayé de faire un aménagement décoratif.On n'a pas voulu faire de lieu de culte gigantesque type mosquée-cathédrale bien qu'on nous ait proposé des terrains. On est parti d'un projet à la mesure des besoins et des capacités de financement de la communauté musulmane», précise-t-il. Du côté de la future administration Front national, on voit les choses différemment. Interrogé par notre rédaction, le candidat FN Cyril Nauth persiste et signe sur son opposition à ce projet. «Dans la mesure où nous sommes hostiles à ce projet, nous ferons en sorte qu'il n'aille pas jusqu'à son terme. Nous étudierons de très près tous les aspects légaux», souligne M. Nauth.

Les réticences du Front national
Les raisons invoquées par l'élu sont multiples et figuraient sur un tract du FN distribué pendant la campagne municipale. «Le site qui a été choisi ne correspond pas à un lieu de culte et le local sera situé près de la salle Jacques Brel qui est la grande salle de spectacle du Mantois et aussi près du cimetière, des sites qui nécessitent également des places de stationnement». Problèmes de stationnement ? Faux rétorque le président de l'AMMS : «Le local est situé à proximité des quartiers des Meurisiers, des Plaisances et des Bats. Il évitera donc les problèmes de circulation et de stationnement car les personnes vont s'y rendre à pied. Cet élément faisait partie de nos critères de choix de ce lieu», explique-t-il en insistant sur la légitimité de ce projet cultuel. Mais le futur maire n'est pas convaincu. «La salle de prière précédente qui était située rue Roger Salengro était illégale avec d'énormes problèmes de stationnement sauvage. Les commerçants et les riverains aux alentours étaient considérablement gênés», dit-il. Autre argument de Cyril Nauth : la mosquée ne serait pas une priorité étant donné la présence d'autres lieux de culte musulmans dans les communes avoisinantes. Là-encore, Abdelaziz El Jaouhari rejette en bloc cette affirmation. «Les autres mosquées sont éloignées et elles n'ont pas de place pour les fidèles. Le petit pavillon dans lequel nous prions actuellement est tout petit, sans normes de sécurité et doit être démoli avant l'été. Les habitants de Mantes-la-Ville ont le droit d'avoir une salle de prière, la communauté musulmane y est importante».

«La liberté de culte est une liberté constitutionnelle»
Mais le dossier islam à Mantes La Ville est aussi et avant toute chose, un dossier politique. Le maire FN considère ainsi qu'il a été élu en partie parce que les Mantevillois refuseraient l'établissement de cette «mosquée». «Les riverains n'ont pas été consultés pour ce projet. Si j'ai remporté cette élection, c'est que beaucoup y étaient hostiles», affirme-t-il comme pour conjurer la chose. M. Nauth accuse notamment l'ancienne maire socialiste Mme Brochot d'avoir pratiqué une forme d'électoralisme communautaire. «Pourquoi ce projet n'a été finalisé que trois mois avant les élections ? L'ancienne maire socialiste s'est impliquée dans ce projet parce qu'elle pensait s'attirer les faveurs d'un vote communautaire, sinon elle l'aurait fait avant», assure l'élu frontiste qui précise également que son refus s'inscrit dans une perspective de lutte contre le communautarisme. Pour autant, le président de l'AMMS reste confiant. Il assure que la transaction ne coûtera rien à la ville. Il rappelle également que l'acquisition et la vente à l'association ont été votées à l'unanimité au conseil de la CAMY en novembre (communauté d'agglomération, ndlr). Qu'en octobre, le projet a été voté par le précédent conseil municipal, que le permis de construire a été déposé et qu'une convention a même été signée avec le Conseil général. «Il ne nous reste qu'à compléter la levée de fonds (moins de 200 000 euros, ndlr) qui sont des dons enregistrés par nos avocats», témoigne Abdelaziz El Jaouhari qui ajoute ces mots : «La liberté de culte est une liberté constitutionnelle».

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