Il s'agit d'un appel à protéger et sauvegarder les océans, malades de la négligence et de la surexploitation humaine. L'auteur y appelle à un changement de philosophie, de la logique d'exploitation actuelle à une logique fondée sur le respect, la connaissance et la réconciliation avec l'environnement. Ce qui est intéressant dans cet article est le référentiel invoqué : Nicolas Imbert y met en scène la richesse du vivant, son utilité pour l'homme et la nécessité pour lui de le sauvegarder s'il veut survivre. Son référentiel est à la fois descriptif, utilitariste, intéressé, relativement tempéré eu égard à la gravité du diagnostic. Il ne cherche pas à opposer vie moderne, technologies et préservation des océans. C'est précisément tout le problème. En voulant ménager ou ne pas heurter les sensibilités liées au mode de vie des hommes, en évitant de les culpabiliser, l'auteur joue la carte de la conscientisation spontanée, immédiate et dépourvue de «crise». Or, pas de prise de conscience sans événement qui la provoque, sans «crises» qui interrompent le déroulement insouciant du devenir temporel. Par ailleurs, l'auteur opère une critique mais en faisant l'économie d'une analyse globale des causes qui ont mené à ce sinistre résultat. Là-encore, on peut redouter que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Jusqu'à la dernière crise ?
Larges extraits de l'article de Nicolas Imbert :
«Les océans sont à l’origine de la vie, et ne connaissent pas de frontière. Il n’y a qu’un seul système d’eau sur la planète, qui rend de nombreux services à l’humanité. Depuis la formation d’eau dans les nuages par condensation au-dessus de la mer, jusqu’à l’eau ruisselant sur le sol, les ruisseaux qui se déversent dans les fleuves, les deltas et estuaires jusqu’aux hautes mers, tout est interconnecté. Et c’est ce système d’eau qui produit l’eau potable, ressource rare nécessaire à la vie et non substituable, mais également qui régule le climat. Sans oublier que les océans captent 70% du dioxyde de carbone de l’atmosphère, via la photosynthèse. Et fournissent une protéine sur deux à l’alimentation humaine.
Une vie formidable se joue au cœur des océans. La présence de minuscules algues sous-marines ou phytoplancton rend possible la photosynthèse, processus régénérateur qui capte le dioxyde de carbone et produit l’oxygène, concourant ainsi à la création de l’air que nous respirons. L’océan joue aussi un rôle de régulateur dans le cycle du climat, à travers la circulation océanique et les courants sous-marins propagateurs des eaux chaudes. Et, dans le même temps, l’océan est un formidable réservoir d’espèces vivantes, de toutes tailles, aux qualités surprenantes. De même, on estime que 80% des ressources minérales, environ 50% des protéines consommées sur terre, la moitié des traitements anticancéreux, sont issues des ressources marines.
Et pourtant, les océans sont malades.
Les solutions existent
Confronté au changement climatique, acidifié par l’activité humaine, mis à mal par la surexploitation (ou la mauvaise exploitation) des ressources halieutiques, saturé par les fontes de glace aux pôles, l’océan est malade. Il s’acidifie, sa biodiversité s’appauvrit, son niveau monte. Des macropolluants s’agglutinent et génèrent des «continents» de plastique en haute mer, et la pollution microscopique prend une ampleur inquiétante sur nos côtes. Nous devons agir, c’est notre passé, notre présent et notre avenir avec lequel il faut construire une nouvelle relation.Nous pensons qu’un changement culturel est nécessaire, pour passer d’une logique d’exploitation des ressources qui a prévalu par le passé, vers une logique de connaissance, de respect et de réconciliation entre le développement d’écosystèmes fertiles et diversifiés et la capacité à apporter des éléments de réponse aux enjeux humains.
De nombreuses solutions existent pour transformer notre rapport à l’océan. Nous avons identifié pour ceci trois orientations prioritaires : la reconquête d’une synergie durable entre activités humaines et reconquête des milieux en zone littorale, un nouveau «contrat d’avenir» pour les activités humaines en mer basé sur la responsabilité, et l’émergence d’une nouvelle gouvernance apaisée sur les territoires maritimes. Dans ce contexte, habiter les océans est à la fois un défi et une nouvelle responsabilité. Il s’agit de découvrir et de mieux connaître, mais également de protéger et de chercher à chaque instant à minimiser notre impact sur le milieu. Ainsi, Sea Orbiter, laboratoire océanique flottant permettant l’exploration de la surface et d’une belle zone de vie sous-marine, créé à l’initiative de l’architecte visionnaire Jacques Rougerie, ouvre de nouvelles perspectives. On pourra désormais mieux sensibiliser, connaître et vivre l’océan, tout en se donnant les moyens de le respecter. En montrant que la technologie est au service de la connaissance et du respect du vivant. Il s’agit pour l’homme de mettre en œuvre concrètement et opérationnellement des mesures alliant nos intérêts à la nature même des océans.
L’océan est un formidable creuset d’économie circulaire, où chaque activité contribue à la fertilité de tout l’écosystème, qui recycle, transforme et fait évoluer en permanence. Il a été par le passé à la fois trop oublié, mal exploité, et en est actuellement meurtri. Il est grand temps, concrètement et opérationnellement, de réconcilier l’humanité et l’océan, cesser la lente dégradation des milieux marins et, mieux, faire de l’océan la solution pour réparer la planète et servir l’humanité. Les solutions existent. Il nous faut encore les fédérer pour proposer des principes de gouvernance, et des actions concrètes ancrées dans le réel, afin de proposer une transition permettant la réconciliation de l’humanité avec l’océan. C’est une perspective passionnante, concrète et atteignable».
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